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Florence les Offices ont pu fournir, sans jamais en paraître appauvris, le noyau de plusieurs collections spéciales. Les galeries étaient encombrées ; la place y manquait pour exposer et mettre dans un bon jour tout ce qu’elles renfermaient de trésors. Beaucoup d’objets intéressans étaient gardés en magasin[1] ; ceux mêmes qui figuraient dans les salles, quand ils n’étaient pas de très haute valeur, s’y trouvaient souvent comme perdus, par suite de l’entassement et de la confusion. Le prélèvement opéré sur ces richesses à l’intention des fondations nouvelles a profité tout à la fois à celles-ci et aux Offices mêmes ; les autres monumens, qui sont restés dans leur ancien asile, y ont eu plus d’espace et plus d’air, ils ont été présentés au public d’une manière plus commode et plus instructive.

Autour de ce premier noyau sont venus se ranger des objets de provenance diverse qui ont grossi comme à vue d’œil l’importance des galeries récemment ouvertes. Les Offices ont été en quelque sorte la métropole d’où sont parties l’une après l’autre plusieurs colonies. Celles-ci n’ont pas tardé à prospérer. A peine ont-elles été fondées, elles ont reçu de toutes parts un nouveau flot de population ; de toutes les profondeurs des palais toscans sont sorties de nombreuses recrues, filles du génie antique ou du génie de la renaissance ; elles sont accourues, elles ont comblé les vides qui s’étaient faits dans le sein de la mère patrie, elles ont favorisé l’essor des colonies naissantes.

Il y a bien eu quelques acquisitions faites par l’état ou par la ville, surtout au profit du musée étrusque. Celui-ci était assez pauvre ; or il convenait que la capitale moderne de l’antique Étrurie ne restât pas en arrière de Rome et même de plusieurs villes telles que Cortone, Chiusi ou Pérouse. Quelques sacrifices ont donc été nécessaires pour s’emparer d’objets intéressans, trouvés dans des fouilles récentes, pour en garantir la possession à Florence. On n’a d’ailleurs pas beaucoup acheté, pour plusieurs raisons : la première, celle qui dispenserait de donner les autres, c’est que l’on manquait d’argent ; la seconde, c’est que, par un rare bonheur, on pouvait presque s’en passer et consacrer le peu de fonds dont on disposait à l’installation des édifices que l’on consacrait à ce nouvel usage. Il y a eu des dons : ainsi la merveilleuse collection de dessins de maîtres que possédait la galerie de Florence, environ vingt mille pièces, a reçu en 1866 un accroissement considérable : M. Emilio Santarelli, professeur de sculpture, lui a fait présent de son cabinet,

  1. D’après M. Aurelio Gotti, directeur actuel des musées de Florence, dont il a donné une intéressante histoire, les magasins du gouvernement renfermaient, en 1853, 281 tableaux, 20 morceaux de sculpture, 15 autres objets de diverse nature (le Gallerie di Firenze, p. 233).