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LA

REINE DE SABA

DEKNIERE PARTIE (1),

V.

Par une belle soirée de l'été 1875, deux jeunes Américains se trouvèrent face à face, au moment où ils y songeaient le moins, sur le perron d'un hôtel du quai du Mont-Blanc, à Genève. Ils se regardèrent ébahis, puis se tendirent chaleureusement la main, et le phis âgé des deux, dont le visage était bronzé par un long séjour sous le soleil, d'Orient, s'écria : — Ma foi! si je m'attendais à rencontrer quelqu'un...

— Flemming! fit l'autre avec joie. Je te croyais en Egypte.

— J'y étais effectivement, il y a un mois. Et toi, Edward, que fais-tu ici?

— A dire vrai, je n'en sais rien moi-même.

— Tu n'en sais rien! reprit en riant Flemming. Tu t'amuses, je suppose.

— La supposition est un peu hasardée. Voilà près d'un an que je suis en Europe. Après la mort de mon oncle David...

— Pauvre homme! J'ai appris la nouvelle à Smyrne...

— Eh bien! quand les affaires de la succession furent réglées, je ne sus plus que faire de moi-même; mon isolement me pesait. C'est que de loin nous nous aimions beaucoup et nous nous tenions fidèle compagnie, oncle David et moi! Et puis, l'espérance de le revoir m'avait toujours soutenu. Quand cette espérance me manqua, je fus réellement seul au monde. Mon emploi dans la ban- (1) Voyez la Revue du 1" avril.