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vandalisme révolutionnaire de tout le territoire de la république. Où mieux mettre à sa place ce mot de vandalisme, consacré par la terreur des populations vaincues, pour marquer la barbarie à son plus haut degré ? Aussi le prenons-nous bien à la lettre, d’accord avec Lakanal, d’accord avec tous ceux qui ont vu à l’œuvre les destructeurs de 93, et non par antiphrase et par une sorte d’ironie contre d’aveugles ennemis de la révolution, comme il a plu à l’auteur du Vandalisme révolutionnaire. Sans doute c’est la convention à son dernier jour qui a commencé à rouvrir les académies ; mais c’était la convention renouvelée, adoucie, j’allais presque dire réactionnaire, et non plus celle qui avait fait les ruines.

Non-seulement l’académie de Lyon fut dissoute, mais elle fut décimée. L’académicien Palerne de Savy ayant été élu maire en 1790, à l’unanimité des suffrages, l’académie en corps se transporta à son hôtel, et l’abbé Rozier, alors directeur, lui adressa un discours dans lequel il le félicitait de cette unanimité forcée, disait-il, par l’estime et par l’opinion de tous. Puis il rapprochait sa nomination de celle de Bailly. « L’académie de Lyon, émule de celle de Paris, se glorifiera comme elle d’avoir donné le premier maire à la nouvelle administration. » Triste rapprochement de deux hommes de bien qui devaient avoir la même destinée ! Palerne de Savy, comme Bailly, mourut sur l’échafaud. Quant à l’orateur lui-même, l’abbé Rozier, il devait périr, comme nous l’avons déjà dit, pendant le siège.

Plusieurs de leurs confrères n’eurent pas un meilleur sort. Joseph Mathon de La Cour mourut sur l’échafaud. Il en fut de même de Millanais, ancien magistrat et député à l’assemblée constituante. Quelques autres, comme Deschamps, qui, avec Millanais, avait fait partie de la constituante, succombèrent, plus heureux, les armes à la main pendant le siège. Quand, au retour du calme et de toutes les espérances, quand, sous l’autorité même d’un de ceux qui avaient pris part à son dernier concours, l’académie, reconstituée sous le nom d’Athénée, se rassembla pour la première fois le 13 juillet 1800, quels ne durent pas être les sentimens de joie et d’attendrissement de ceux qui avaient survécu et qui se trouvaient réunis de nouveau après tant de périls, après tant de terribles épreuves ! Combien sont mélancoliques et touchantes les lettres par lesquelles d’anciens associés, Servan, Ducis, La Harpe, répondent à l’annonce de cette résurrection de l’académie de Lyon et du renouvellement de leur association ! « Sur le bord de mon tombeau, écrit Servan, je ne m’attendais guère à être rappelé dans un nouveau temple des arts et des sciences. Honneur à celui qui l’a relevé de ses ruines ! Honneur aussi à qui pourra l’habiter dignement et qui pourra s’y