Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/825

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le célèbre père Menestrier qui, au XVIIe siècle, a publié une savante histoire de la ville de Lyon, le père Colonia est un de ceux qui ont jeté le plus de lumière sur l’histoire d’un pays si riche en antiquités et où se sont successivement amoncelés tant de précieux restes de la domination impériale, du christianisme naissant et du moyen âge, où ont été recueillies toutes ces inscriptions qu’on voit réunies, avec les tables claudiennes, dans le magnifique musée lapidaire de Lyon. Aussi, depuis Spon et le père Menestrier jusqu’au père Colonia, depuis le père Colonia jusqu’à François Artaud, qui est de la fin du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle, depuis Artaud jusqu’à nos jours, l’archéologie a toujours été en honneur à Lyon. Lyon souterrain, tel est le titre du grand ouvrage de François Artaud sur les antiquités lyonnaises. Il y a en effet un Lyon souterrain, comme il y a une Rome souterraine, qui tous deux ont eu également d’habiles et de savans explorateurs.

Depuis le XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, les grands médecins, comme les savans archéologues, n’ont pas manqué à la ville et à l’académie de Lyon. La faculté de médecine, qui s’élève enfin après tant d’hésitations et de retards, n’aura qu’à s’inspirer des anciennes traditions de la médecine et de la chirurgie lyonnaises. Parmi les grands médecins qui ont siégé sans interruption à l’académie, nous ne nommerons que le plus célèbre, Pouteau, membre de la Société royale de chirurgie, dont les ouvrages sont encore cités aujourd’hui dans les traités classiques de chirurgie en France et à l’étranger. Amoureux de son art, animé du désir de soulager l’humanité, il mit plus d’une fois généreusement sa bourse à la disposition de l’académie pour des prix sur diverses questions de médecine et de chirurgie.

C’était aussi un académicien lyonnais, ce noble et courageux Pierre Poivre, correspondant de l’Académie des sciences, qui d’abord porta si dignement le nom de la France, au prix de tant de périls, jusqu’aux extrémités de l’Orient, qui ensuite, intendant des îles de France et de Bourbon, administra ces colonies avec tant de sagesse et de gloire, et qui les enrichit par l’introduction de plantes précieuses qu’il avait sauvées, pendant une longue et dangereuse traversée, en se privant de boire pour les arroser. Au retour de tant de lointaines et périlleuses missions, il était venu se reposer au sein de l’académie, et dans cette belle maison de la Fretta qu’on montre aux étrangers sur les bords de la Saône.

Voyageur intrépide, savant naturaliste, Patrin mérite une place à côté de Poivre. Pendant huit ans, à travers tous les dangers, il a exploré les montagnes de l’Asie boréale jusqu’au-delà du méridien de Pékin, Nommé membre de la convention, il résista avec non moins