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UNE
ACADÉMIE DE PROVINCE
AU DIX-HUITIÈME SIÈCLE

Déjà nous avons fait voir, par un grand nombre de témoignages, de faits et d’exemples, l’importance des académies de province au xviiie siècle[1]. Émanées pour ainsi dire de l’Académie française ou de l’Académie des sciences, elles gardent des liens multiples avec l’académie mère. Quelques-unes même n’ont pas seulement avec elle des rapports de déférence, de respectueuse confraternité ou d’une sorte de piété filiale, mais de véritables pactes d’affiliation ou d’alliance et même de complète incorporation, comme on l’a vu pour la société de Montpellier. Ces pactes sont des titres d’honneur inscrits dans leurs lettres patentes, dans les actes officiels de leur fondation. La plupart des académiciens de Paris se montrent flattés d’appartenir en même temps à des académies de province ; ils ne dédaignent pas de venir y siéger et même, nous en avons cité plus d’un exemple, de prendre part à leurs travaux. À l’imitation du modèle sur lequel elles tournent sans cesse les yeux pour se régler, les académies provinciales sont animées du plus vif amour des lettres et des sciences, de l’esprit du siècle dans ce qu’il a de meilleur, et elles travaillent, non sans succès, à le répandre autour d’elles dans tout leur diocèse académique. Ce sont comme autant de foyers secondaires qui reçoivent et renvoient la lumière du grand foyer des académies de Paris.

Mais pour mieux faire apprécier leur rôle et leur influence, la part qu’elles ont eue au mouvement des esprits, au progrès des sciences et des lettres, il est bon d’exposer plus en détail l’histoire d’une

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.