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en alliance offensive ; et l’Italie, appuyée par l’Autriche, demanda formellement pour Rome le retour à la convention du 15 septembre, c’est-à-dire l’évacuation par nos troupes sans pouvoir y revenir, admettant même la possibilité pour les Italiens d’y entrer. C’est sur ce dernier point, après des tentatives longues, laborieuses, que l’on ne put s’entendre. Une communication officieuse de M. de Lavalette, ministre des affaires étrangères, fit savoir au cabinet italien qu’on m’était pas d’avis de donner suite au traité, que toute négociation était suspendue et que la France se réservait de la reprendre quand elle apprécierait qu’elle aurait plus de chances de réussir. Dans la pensée de l’empereur Napoléon, la mort du pape était une de ces hypothèses, se croyant plus engagé envers Pie IX, comme nous l’avons dit en commençant, qu’envers son successeur, qui serait peut-être moins intraitable.

On a produit dans les journaux des textes de traité inexacts comme date et comme rédaction. Ainsi l’article où il est question de disposer d’un canton suisse, le Tessin, est absolument faux et inventé. Bref, la négociation abandonnée fut ajournée plutôt que rompue en juin 1869, Pour ne pas perdre complètement le fruit de tant d’efforts et dans l’espoir de reprendre plus tard ce traité si les circonstances se modifiaient, il y eut un échange de lettres personnelles entre l’empereur Napoléon et l’empereur d’Autriche, entre l’empereur Napoléon et le roi d’Italie, entre le roi d’Italie et l’empereur d’Autriche. Ces lettres, témoignages de l’amitié et du bon vouloir des souverains, communiquées a plusieurs personnages qui les ont lues, constataient que la négociation n’avait pu aboutir à cause de la question romaine.

Ces lettres étaient importantes en ce qu’elles promettaient, le cas échéant, un appui réciproque sans le préciser formellement.

Il est donc bien établi que la négociation de 1869, la plus importante, quelques mois avant la guerre, aurait abouti à la signature d’un traité entre les trois souverains, si l’accord s’était fait sur la question romaine. L’alliance entre la France, l’Autriche et l’Italien échoué à cause de la clause sur Rome. C’est là un fait indéniable.


III

De toute la négociation de 1869, il ne restait que l’échange des lettres personnelles des souverains. L’Italie, qui n’avait pu obtenir un arrangement sur Rome, se considérait comme dégagée. L’Autriche, qui n’avait jamais voulu d’un traité à deux entre elle et la France, mais d’un traité à trois avec la France et l’Italie, était aussi déliée.

L’empereur des Français crut avoir dans les lettres de