Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 26.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

couvent du mont Athos, à prendre un fac-similé photographique d’un manuscrit de la Géographie de Ptolémée, composé de 112 feuillets. M. Silvy s’est fait de la reproduction des vieux manuscrits une féconde spécialité. Un Anglais a fait remarquer aussi que par la réduction photographique des in-folio on pourrait créer des bibliothèques microscopiques qui représenteraient des centaines de volumes et tiendraient dans un tiroir ; mais l’utilité pratique de ces livres en miniature ne nous paraît pas démontrée.

Les travaux entrepris de 1857 à 1867 par M. Aimé Civiale ont de même démontré l’utilité de la photographie pour l’étude du relief de la surface terrestre. M. Charles Sainte-Claire Deville, dans un rapport sur ce beau travail, a développé à ce sujet des considérations qui méritent d’être citées. « Quelque soin que mette un dessinateur, dit M. Deville, à retracer fidèlement les lignes d’une montagne ou d’une contrée, à n’en rien exagérer, il ne sera jamais sûr de s’être affranchi de certaines illusions d’optique ou de perspective. Bien plus, les géologues, dans le plus grand nombre des coupes, faussent sans nécessité les rapports entre les bases et les hauteurs, et il ne faudrait pas remonter bien loin dans la science pour retrouver des argumens qui ne semblaient avoir quelque poids que parce qu’ils s’appliquaient à des profils ou à des reliefs dans lesquels non-seulement les pentes étaient grossièrement altérées, mais qui, par suite du même défaut de construction, ne présentaient que des rapports inexacts entre les vides et les pleins d’une contrée, entre les espaces effectivement occupés par les massifs montagneux et les espaces laissés à découvert par les cols, les vallées, les échancrures. » C’est à ce besoin impérieux de précision que répondent les vues photographiques.

Après deux campagnes d’essai dans les Pyrénées, pendant les étés de 1857 et de 1858, M. Civiale commença en 1859 sa description photographique de la chaîne des Alpes, qui ne fut terminée qu’en 1867. Bien qu’il fût parvenu à substituer aux glaces collodionnées le papier ciré, son attirail de photographe représentait encore un poids de 250 kilogrammes, qu’il fallait transporter à dos de mulet ou à dos d’homme sur les cimes choisies pour les stations. Pour les vues de détail, M. Civiale recherchait les points les mieux placés pour faire ressortir la structure des roches, la disposition régulière ou anormale des couches, les brisemens ou plissemens qu’elles présentent, les formes générales et les pentes des glaciers, les allures de leurs moraines, les accumulations de roches moutonnées, polies et striées, en un mot toutes les circonstances caractéristiques qui intéressent le géologue ; ces renseignemens sont toujours complétés par des échantillons de roches recueillis sur place. Les stations de ce genre sont d’ordinaire d’un choix plus