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d’assimilation a demandé de grands efforts et beaucoup de temps ; il devait donc y avoir longtemps que ces influences orientales qu’on y remarque s’y étaient introduites pour la première fois. De quelle façon et à quel moment précis y sont-elles entrées, quel hasard a pu amener les architectes de l’Occident en présence des basiliques syriennes, on l’ignore ; mais M. de Vogüé affirme que directement ou non ils ont dû les connaître, que s’ils ne les ont pas visitées elles-mêmes, ils en ont vu des dessins ou des copies. Sans doute, nous dit-il, l’architecture du moyen âge est sortie naturellement de celle des Romains ; des maîtres tels que M. Viollet-Le-Duc et M. Quicherat l’ont démontré. « Entre les deux systèmes de construction, l’enchaînement est logique, l’évolution est rationnelle, surtout si on la suppose conduite par des esprits méthodiques et réfléchis. Les architectes du XIIe siècle avaient ces qualités ; néanmoins, quelque avisés qu’on les suppose, ils n’ont pu tout tirer de leur propre fonds ; ils n’auraient pas su à eux tout seuls renouer la tradition interrompue. L’imitation intelligente des ruines romaines ne suffit pas à expliquer leurs rapides progrès. Ils ont trouvé le terrain préparé par trois siècles d’efforts peu connus, de tâtonnemens multipliés, d’emprunts faits au seul pays qui pût alors fournir des maîtres, à l’Orient. Pour ma part, ajoute M. de Vogüé, c’est dans cette période préparatoire et obscure que je placerais l’action directe des écoles orientales sur l’Occident, action qui s’est exercée non-seulement par les relations commerciales et l’importation des objets de luxe, mais par l’émigration des artistes qui fuyaient les iconoclastes ou qu’appelaient les protecteurs éclairés de l’art. » Il faut donc supposer, selon M. de Vogüé, que bien avant les croisades, quand l’Occident faisait ses premiers efforts pour sortir de la barbarie, il a eu quelque connaissance des monumens syriens et qu’il en a su profiter[1].

  1. Ces monumens n’ont pas été inutiles non plus à l’art arabe. M. de Vogüé y note à plusieurs reprises des détails de construction ou des ornemens décoratifs qui se retrouvent dans les plus anciennes mosquées. Il est naturel de croire que les musulmans les ont empruntés aux églises de la Syrie, les premières qu’ils eurent sous les yeux lorsqu’ils envahirent l’empire grec. Ce pays du reste avait des affinités avec eux : il était habité par une race de leur sang ; ils y retrouvaient quelques-uns de leurs instincts et de leurs goûts particuliers. Les travaux de M. de Vogüé, qui nous ont mieux fait saisir comment s’opéra en Syrie le passage de l’ancienne religion au christianisme, nous rendent encore le service de nous montrer les points qui, au milieu de tant de différences, pouvaient rapprocher le christianisme syrien de l’islamisme. On est d’abord frappé de voir combien l’architecture syrienne a peu de goût pour les figures sculptées ; par cette absence de statues sur les façades et même dans l’intérieur, les églises de la Syrie se rapprochent déjà des mosquées. Une observation plus importante, c’est que ce pays avait longtemps partagé les opinions d’Arius et qu’il lui en était resté quelque chose ; or on a montré que l’arianisme était une sorte de préparation aux doctrines de l’islam. On est frappé, dans certaines inscriptions de la Syrie, de l’insistance avec laquelle se reproduit cette formule : Il n’y a qu’un Dieu. C’est presque la première partie de la profession de foi des musulmans.