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que tous les points de sa circonférence défilent devant une petite ouverture par laquelle arrive la lumière.

Les six missions ne furent pas également favorisées par la fortune. Tandis que MM. Mouchez, Cazin, Turquet de Beauregard, à l’île Saint-Paul, — André et Angot, à Nouméa, — Fleuriais, Blarez, Lapied, à Pékin, — Janssen, Tisserand, Picard, Delacroix, au Japon, — Héraud, à Saïgon, obtinrent un succès plus ou moins complet, à l’île Campbell, où s’étaient rendus MM. Bouquet de la Grye, Hatt et Courrejoles, le passage ne put être observé. Ce n’est pas tout : trois hommes de l’équipage furent atteints de la fièvre typhoïde, et deux succombèrent. L’expédition de l’île Campbell, pour avoir été moins heureuse que les autres, n’en avait pas moins fait son devoir avec une abnégation digne des plus grands éloges. Au reste, si le but principal de la mission ne fut pas atteint, M. Bouquet de la Grye a rapporté une riche moisson de documens intéressant la physique du globe et l’histoire naturelle ; les collections recueillies par M. Filhol remplissaient vingt-deux caisses.

La commission de l’Académie des sciences avait fait fabriquer 2,000 plaques daguerriennes (400 pour chacune des cinq stations qui avaient des appareils photographiques) ; on y avait employé 10 kilogrammes d’argent. Les épreuves obtenues, au nombre de 800, furent confiées à M. Fizeau, qui fit immédiatement commencer les mesures micrométriques dont la discussion doit fournir la valeur de la parallaxe du soleil et par suite celle de la distance du soleil à la terre. Ces mesures sont exécutées par MM. Cornu, Angot, Mercadier, Baille et Gariel, à l’aide de quatre machines micrométriques pourvues de moteurs électro-magnétiques. Les résultats qui se déduisent de l’ensemble des observations n’ont pas encore été publiés ; les calculs sont longs et d’une nature particulièrement délicate. La France n’est pas d’ailleurs, sous ce rapport, en retard sur les autres nations ; l’astronome royal d’Angleterre, M. Airy, n’a encore publié que le résultat des observations directes du passage ; la discussion des photographies n’est pas terminée.

On peut maintenant se demander si tant d’efforts auront servi à nous procurer une valeur de la parallaxe solaire ! plus exacte que celles qu’on avait déjà obtenues par d’autres méthodes. Tout ce qu’on sait jusqu’à présent, c’est que le chiffre de la parallaxe que M. Airy a déduit des observations directes des astronomes anglais (8",76) est un peu plus petit que celui que M. Newcomb avait trouvé en prenant la moyenne des meilleures déterminations connues (8",85), M. Le Verrier, qui voyait avec déplaisir les sacrifices [1]

  1. Rapport de M. Fizeau, du 3 mars 1873.