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L’établissement le plus important, après celui de Washington, est le célèbre observatoire de Harvard College, dont la fondation, nous l’avons déjà dit, remonte à 1839. L’université de Cambridge avait pourtant fait dès 1815 de sérieux efforts pour arriver à la création d’un observatoire permanent ; on avait nommé un comité qui devait arrêter un plan d’organisation, faire choix d’un emplacement et acheter les instrumens ; mais les promoteurs de l’idée ne purent réunir la somme nécessaire à couvrir les premiers frais. Ce ne fut que vingt-quatre ans plus tard que le projet put être réalisé, lorsque William Bond, en vertu d’un contrat passé avec la corporation de l’université, transporta à Cambridge les instrumens de son petit observatoire de Dorchester, et vint lui-même s’y établir comme astronome de l’université. Au bout de quatre ans, il put quitter l’installation provisoire de Dana-House et commencer, dans le bâtiment définitif, ces recherches Sur les nébuleuses, sur le monde de Saturne, etc., qui l’ont placé au rang dés observateurs les plus éminens[1].

Le bel observatoire de Washington n’a pas été non plus bâti en un jour. Dès 1825, le président John-Quincy Adams demandait au congrès, dans son premier message, en même temps que la fondation d’une université nationale, l’érection d’un grand observatoire astronomique. « Certes, disait-il, un Américain doit être bien loin d’éprouver un sentiment d’orgueil lorsqu’il constate que sur le territoire relativement restreint de l’Europe il existe au moins cent trente de ces « phares des cieux, » tandis que, dans tout l’hémisphère américain, il ne s’en trouve pas un seul. Quand il passe à peine une année sur nos têtes sans que l’Europe nous envoie de seconde main, et comme par charité, quelque nouvelle et importante découverte, nous priverons-nous plus longtemps des moyens de rendre lumière pour lumière, en ne formant ni observatoire ni observateur sur la moitié du globe qui nous appartient, et laisserons-nous la terre accomplir ses révolutions successives dans une obscurité complète pour nos yeux, qui ne veulent pas chercher à voir ? » Cet appel éloquent ne fut point écouté, et malgré les efforts incessans de John-Quincy Adams, qui ne se lassa pas de revenir à la charge même après qu’il eut quitté la présidence, la fondation du grand « Observatoire naval » de Washington ne fut décidée qu’en 1842, et c’est en 1844 seulement que la construction des bâtimens fut terminée. Placé successivement sous la direction du commandant Maury, du capitaine Gilliss, des amiraux Davis et Sands, cet établissement a déjà fourni une série de travaux qui lui permettent de marcher de pair avec les grands observatoires d’Europe. A l’heure qu’il est, il possède la plus puissante lunette qui existe : un réfracteur de 26 pouces d’ouverture,

  1. Voyez, dans la Revue du 1er novembre 1839, l’étude de M. A. Laugel sur l’Observatoire de Cambridge et les travaux de William Bond.