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lois. Qu’on en profite du moins pour laisser peu à peu de côté les récriminations inutiles, toutes ces invalidations qui ne sont que des bavardages oiseux, et pour s’occuper de la France, dont les intérêts supérieurs sont seuls dignes de fixer, de passionner tous les dévoûmens sérieux.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.

LES OBSERVATOIRES DES ÉTATS-UNIS.
L’Astronomie pratique et les observatoires en Europe et en Amérique, par MM. C. André et A. Angot. — III. — États-Unis d’Amérique. Paris, 1877. Gauthier-Villars.


Pour être entrés tardivement dans l’arène, les Américains n’en sont pas moins prêts à disputer la palme aux peuples de l’ancien monde sur plus d’un terrain, qu’il s’agisse de science ou d’industrie. Il y a même dans cette situation un puissant élément de succès : l’absence des entraves que nous créent trop souvent une routine séculaire et le vieux matériel légué par nos devanciers. On a pu remarquer plus d’une fois que d’importantes innovations scientifiques ont eu pour auteurs, non pas des hommes du métier, mais des amateurs qui avaient abordé une science avec la liberté d’esprit qu’on possède rarement lorsqu’on s’est approprié les traditions consacrées. De même on a vu les Américains réussir, par des conceptions hardies, à dépasser du premier coup leurs initiateurs. Dans la fabrication des machines, leur grande supériorité se fonde aujourd’hui sur le principe de la division du travail : les machines ne se construisent plus isolément, individuellement, on en fabrique les pièces par milliers comme on fait pour les montres à Genève. En matière de science, ce qui caractérise leur faire, c’est d’abord le rôle considérable attribué à l’initiative privée créant tout par des souscriptions volontaires sans attendre les lentes résolutions de l’état, — puis une préférence marquée pour les moyens mécaniques, qu’on emploie toutes les fois qu’ils peuvent remplacer la main ou l’œil de l’homme. De ces tendances, on rencontre plus d’un exemple dans l’histoire, encore si courte, de l’astronomie aux États-Unis.

La nécessité de faire une carte exacte des vastes territoires de l’Union, aussi bien que les besoins de leur marine, devaient tôt ou tard imposer aux Américains l’obligation de cultiver l’astronomie, et par conséquent celle d’entretenir des observatoires ; il faut pourtant convenir qu’ils y ont mis le temps. Lors des deux passages de Vénus de 1761 et de 1769, la Société philosophique américaine avait organisé trois stations d’observation à Philadelphie, à Norritown et au cap Henlopen ; mais aucune de ces stations ne devint un établissement définitif. L’un des télescopes achetés à cette occasion par Franklin servit cependant