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tout à coup en membre de l’Académie de médecine. Non pas qu’il y ait dans cette étude du pédantisme, de l’affectation et l’emploi d’un langage technique : M. Mignet a eu la patience de pénétrer dans-les obscurités et les longues dissertations propres aux travaux qu’il avait à analyser ; mais les vérités et les descriptions qui ont résulté de ses recherches sont sorties de sa plume brillantes comme la lumière. La fatigue a été pour lui, le charme pour le lecteur. C’est à cette notice surtout que l’on peut appliquer le mot de Voltaire :

L’ignorant l’entendit, le savant l’admira !


car il était impossible employer un langage qui eût à la fois plus d’exactitude aux yeux des haines spéciaux, et plus de clarté pour ceux qui ne le sont pas. Sans doute c’est comme philosophe et non comme médecin que Broussais appartenait à l’Académie des sciences morales. Mais, ainsi que le fait remarquer M. Mignet, Broussais n’a été philosophe que par occasion et en quelque sorte par déduction, et comme en lui le physiologiste a précédé, inspiré, subjugué le penseur, il fallait chercher ses principes philosophiques dans ses théories médicales. M. Mignet ne s’est pas borné à les exposer ; il en a expliqué la formation et le développement, et, comme il n’a laissé aucun point obscur, comme il a montré ce qu’était l’école médicale au moment de l’arrivée de Broussais à Paris, quels furent ses maîtres, dans quel état, se trouvait la science de la médecine lorsque le fougueux novateur entreprit de la réformer, comme son biographe résume à grands traits l’histoire de cette science et va jusqu’à décrire par quelques coups de pinceau vigoureux le corps humain, on sort de cette lecture d’un discours de cinquante pages presque aussi instruit soi-même dans ces matières spéciales que si l’on avait lu vingt volumes choisis de médecine. Jamais un tel travail de condensation n’a abouti à une œuvre aussi substantielle, et pour le lecteur, à une satisfaction d’esprit plus complète. Jamais on n’a mieux prouvé que tout se peut dans la langue de Pascal et de Buffon, laquelle est rebelle seulement pour ceux qui n’ont pas l’habitude de s’en servir. La même lucidité se remarque dans la notice consacrée au philosophe Destutt de Tracy, qui cependant, pas plus que Broussais, n’a fait partie de l’école spiritualiste à laquelle appartient M. Mignet. Mais ici encore le biographe a si profondément pénétré jusqu’au fond de son sujet ; il a si bien indiqué les directions diverses que Destutt de Tracy a prises, les maîtres successifs dont il a subi l’influence, l’origine certaine de ses systèmes, le moment précis où il les a conçus, qu’on assiste en quelque sorte au développement de son intelligence et à la création même de ses découvertes. L’orateur s’est substitué, au philosophe pour le peindre, et celui-ci ne répudierait aucun des traits