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Le logement. — Tous les sous-officiers, — les adjudans jouissent seuls aujourd’hui de ce privilège, — devraient avoir en propre[1] une petite chambre pourvue d’un modeste ameublement, où chacun d’eux trouverait le repos de la nuit et du jour avec la libre disposition de ses heures de chômage militaire pour le travail personnel.

Service de table et lieu de réunion. — Il est indispensable.que les sous-officiers aient une organisation de service de table mieux entendue sous les rapports du confort, de la propreté, des soins, que celle qu’ils rencontrent aujourd’hui dans les cantines régimentaires ; indispensable aussi qu’ils aient au quartier un lieu de réunion convenablement meublé, chauffé pendant l’hiver, éclairé, pourvu de livres et de journaux spéciaux[2].

Si cette dernière création était convenablement réglementée et surveillée, les effets en pourraient être très importans. Dans la composition des corps de sous-officiers d’aujourd’hui entrent de jeunes hommes qui ne sont pas sans quelque éducation, et les autres sont à l’âge où les habitudes acquises sont encore susceptibles de modification par le contact et par l’exemple. Ces réunions développeraient parmi eux l’esprit de sociabilité, de camaraderie, avec un certain degré de culture pour ceux qui s’appliqueraient à l’étude des publications mises à leur disposition. Quelques conférences faites à propos par des officiers capables, sur les devoirs professionnels, sur la guerre, sur les découvertes nouvelles, sur les événemens militaires qui se passent à l’étranger, ne manqueraient pas de fixer leur attention et d’exciter leur intérêt.

Par cet ensemble de moyens, on arriverait à faire des sous-officiers d’un régiment, qui vivent aujourd’hui dans l’isolement, l’abandon, l’ennui et la subalternité, une corporation respectable et respectée, dont les membres, auraient entre eux des liens de solidarité et le sentiment de l’importance de leur mandat dans l’institution militaire.

Habillement et armement. — Les sous-officiers des troupes à cheval ont à peu près sous ce rapport la situation qui convient. Il en est autrement de ceux des troupes à pied. Je ne demande pour eux aucune addition aux ornemens qui sont les marques distinctives traditionnelles de leur rang dans la hiérarchie, estimant que les « armées à plumets, » c’est-à-dire qui s’écartent de la simplicité, s’écartent en même temps de la réalité militaire moderne. Mais j’attacherais beaucoup de prix à ce que leur uniforme, dans son ensemble, se distinguât plus nettement de celui du soldat. Tous, par exemple, devraient porter la demi-botte, et pour tous la capote

  1. Cette disposition a été introduite dans l’armée italienne.
  2. Cette disposition a été introduite dans l’armée italienne.