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province, sont aujourd’hui comme non avenues. Comment donc pourrait-il avoir la prétention de rattacher à lui le mouvement intellectuel dans les départemens ?


La plus considérable des œuvres du comité, le but premier pour lequel il a été institué, c’est la publication des documens inédits de l’histoire de France, dont la responsabilité appartient à lui seul et à laquelle les sociétés savantes n’ont été que bien rarement appelées à coopérer et seulement pour quelques recherches ou renseignemens. En 1874, d’après un rapport de M. de Watteville, 258 volumes in-4o avaient paru, nombre qui n’a rien d’extraordinaire, quoi que semble croire l’auteur du rapport, si on considère le temps, la dépense et le nombre des collaborateurs. J’entends dire par des juges compétens que tout est loin d’être parfait dans cette grande publication, qu’il y a bien des négligences, bien des inexactitudes, des disproportions, des longueurs et un grave défaut d’économie, ne serait-ce que dans le choix du format. Quant aux abus, ils n’ont pas manqué, d’après les aveux de M. de Watteville lui-même, et comme on ne le voit que trop clairement par les circulaires de plusieurs ministres qui ont cherché à y porter remède. Il nous sera bien permis de croire que, sous la direction de l’Institut, les choses auraient été un peu mieux, soit pour le choix et la publication des documens inédits, soit pour de véritables liens à établir entre les sociétés savantes, entre les académies de Paris et celles des départemens. Mais nos critiques, comme nos vœux, seraient tout à fait stériles si notre dessein devait rencontrer d’insurmontables difficultés, si le gouvernement était résolu à ne pas faire l’abandon du patronage qu’il s’est attribué sur les sociétés savantes, ou bien si l’Institut ne devait pas consentir à le prendre et à l’exercer, comme il est conforme à sa mission et à ses traditions du XVIIe et du XVIIIe siècle.


IV

Le ministère redouterait-il en y renonçant d’éprouver quelque diminution ou amoindrissement ? Tout le monde pensera sans doute qu’il reste encore une part assez belle à l’activité et à l’ambition d’un ministre, quel qu’il soit, avec le gouvernement de l’instruction publique dans toutes ses branches, à tous ses degrés, sans compter les cultes et les beaux-arts. Fera-t-on intervenir la politique en faveur de cette ingérence si.fâcheuse, à notre avis, de l’administration, des ministres et des directeurs dans le domaine des sciences et des lettres ? Un ministre peut bien se flatter de s’attacher plus ou moins quelques individus par l’appât des distinctions et des récompenses, mais non pas des sociétés qui, en général, se composent des