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d’études régulières. L’état se réserverait le droit d’autoriser l’exercice professionnel » après avoir fait subir à ceux qui lui présenteront un diplôme universitaire des examens pratiques, garantie de la capacité du candidat. L’exercice professionnel livre un droit redoutable, et la société, représentée par l’état, doit juger directement ce que vaut et ce que sait celui qui demande cet exercice. Un jury nommé par l’état en connaîtrait. Ce système est aussi libéral que rassurant au point de vue social. Bien examiné, il n’offre pas les difficultés d’exécution qu’on s’est plu à lui attribuer : il fonctionne en Allemagne : peut-être serons-nous un jour appelés à y avoir recours, C’est urne question réservée et dont l’avenir décidera.

Le corps enseignant des facultés de médecine se compose des professeurs titulaires, des agrégés et des chargés de cours cliniques spéciaux. La situation des uns et des autres a été notablement améliorée. D’après le décret du 14 janvier 1875, le traitement des professeurs de la faculté de médecine et de la faculté des sciences de Paris a été égalisé et porté à 13,000 francs ; celui des professeurs de la faculté de droit et de la faculté des lettres de Paris a été fixé à 15,000 francs. On a établi entre ces deux ordres de facultés une légère différence en faveur des dernières. Cette différence me semble difficile à justifier. Ces divers ordres d’enseignemens se valent par la matière et les difficultés, et celui qui exige le travail le plus soutenu est peut-être celui de l’ordre médical, tant la production scientifique y est multipliée et incessante. Cette faculté est en outre celle à qui incombe peut-être le plus lourd fardeau d’actes probatoires. L’égalité de traitement entre les professeurs de toutes les facultés de Paris est évidemment la solution désirable.

Ce même décret rappelle une disposition libérale, déjà édictée sous l’empire : c’est celle d’un accroissement progressif de traitement pour les professeurs des facultés de province, accroissement que doivent motiver l’ancienneté et l’éclat des services rendus dans l’enseignement. Cette disposition du décret a reçu une première exécution. Dès la fin de l’année dernière, un certain nombre de professeurs des facultés de Montpellier et de Nancy ont vu ainsi leur traitement notablement augmenté. Il y a lieu d’espérer que les dispositions du décret seront régulièrement appliquées, et que chaque année les professeurs les plus méritans verront s’améliorer leur modeste situation.

L’agrégation dans les facultés de médecine forme un corps vigoureux, qui assure un recrutement de professeurs, souvent connus par des travaux éminens au moment même où ils sont nommés. Maintenir l’agrégation au niveau où l’ont placée les concours les plus difficiles de l’ordre médical, la fortifier et l’égaliser dans toutes