Page:Revue des Deux Mondes - 1878 - tome 25.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministres qui ont pris successivement le gouvernement de l’instruction publique, les hauts fonctionnaires de l’université, firent tous entendre les mêmes vœux, et réclamèrent d’une voix unanime la réforme de notre enseignement supérieur. Celle-ci devint l’une de ces nécessités publiques qu’il faut satisfaire à tout prix. On se mit à l’œuvre ; au calme apathique succéda une activité louable. Les résultats ne se firent pas attendre. Nos facultés scientifiques furent dotées d’instrumens puissans de travail ; partout s’élevèrent des laboratoires de recherches et d’enseignement ; d’importantes questions d’organisation surgirent, celles entre autres de la création de grands centres universitaires, doués d’une certaine autonomie, et où seraient plus particulièrement réunis, et sous la forme la plus perfectionnée, tous les moyens d’investigation, d’analyse et de détermination.

Tous les progrès désirables ne sont pas accomplis, tant s’en faut ; mais de sérieux sont déjà réalisés, d’autres sont en voie, et aboutiront prochainement. Nous voudrions montrer où nous en sommes, non sur tous les points de l’enseignement scientifique, mais sur un point, sur un département particulier, à la vérité très important, de notre haut enseignement, sur l’enseignement médical. Par la nature de son objet, qui est la vie humaine, saine ou troublée, l’enseignement médical est l’un des plus complexes et des plus élevés ; par son caractère professionnel qui lui soumet l’une des professions les plus agissantes et les plus nécessaires de la société, il est l’un de ceux qui doivent le plus préoccuper l’état.

Étudier la vie humaine sous toutes ses formes, dans tous les milieux, et à ses momens divers, pénétrer les plus apparens comme les plus cachés de ses secrets, surprendre ses premiers actes, suivre son développement, déterminer ses fonctions, leur hiérarchie et leur fin, assister à sa déchéance, voir enfin comment elle se brise ou se dissout, quelle étude ! D’un diagnostic exact de la maladie aller aux questions d’art et de pratique, voir comment les maladies guérissent naturellement, comment elles amènent la mort, et de cette double connaissance déduire l’ensemble de ces indications d’agir qui ont reçu le nom d’indications thérapeutiques, déterminer les moyens de les remplir, par cette voie conduire la maladie à la guérison, ou ralentir et adoucir les approches d’une mort inévitable, remédier aux infirmités, prévenir le mal, éloigner les influences hostiles à la vie : tel est, à son point de départ comme à son aboutissant, l’enseignement médical. En est-il un qui se propose un objet plus considérable, qui soit plus plein de révélations admirables, qui touche à des intérêts plus saisissans ?

Aussi, quelle profession pénètre plus profondément au cœur des sociétés humaines que celle du médecin ? De partout, il est fait