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admis à faire dans ses séances, la publicité qu’il donne à leurs travaux par ses bulletins, par ses comptes-rendus et par les insertions dans ses mémoires. Mais, dans l’intérêt de la vie intellectuelle de la province et de la science elle-même, l’Institut ne pourrait-il pas interpréter plus largement cette correspondance qui est dans ses attributions ? Ne pourrait-il l’étendre non-seulement à des travailleurs et des savans isolés, mais aux compagnies elles-mêmes, aux principales académies des départemens ? Seraient-elles donc moins dignes aujourd’hui qu’autrefois de cette confraternité dont elles étaient si fières, et l’Institut ne pourrait-il donc plus sans déroger leur tendre une main amie ? A considérer la nature de leurs travaux, leurs publications, la liste de leurs membres, elles me semblent en voie de progrès plutôt qu’en décadence. Peut-être contiennent-elles moins de grands seigneurs et moins de beaux esprits, peut-être y fait-on moins de fables, d’épigrammes, de madrigaux, de petits vers, peut-être y déclame-t-on moins sur les droits et la félicité des peuples, mais assurément on y trouve plus d’historiens, d’archéologues, d’économistes, de naturalistes, de botanistes, de géologues, c’est-à-dire plus de savans sérieux, de travailleurs zélés, d’observateurs patiens et habiles.

Grâce à leur zèle libre et désintéressé, toutes nos archives sont fouillées, tout notre sol est exploré. Il n’y aura bientôt plus en France une province, une ville, un monument, une ruine qui n’ait son histoire, ni même une inscription qui ne soit déchiffrée. Il en est des sciences expérimentales comme de l’histoire et de l’archéologie ; de toutes parts s’amassent les observations et les matériaux pour la carte géologique de la France, pour les flores de toutes ses régions, pour la météorologie et l’hydrométrie, pour l’économie politique, la statistique, l’industrie et l’agriculture.

D’ailleurs, à côté des anciennes académies se sont formées des sociétés spéciales d’antiquaires, de géologues, de médecins, des sociétés d’agriculture et de commerce qui en sont comme des sections étendues et fortifiées. Plus que jamais les élémens de la vie et du travail académique abondent en dehors de Paris. Ce ne sont pas les hommes qui manquent à la province, mais l’impulsion, les encouragemens et la direction d’en haut, c’est-à-dire de l’Institut, du seul corps qui ait mission et autorité pour leur venir en aide et pour recueillir ce noble héritage des anciennes académies de Paris.


II.

Nous ne sommes pas les premiers à signaler les inconvéniens de cette dissémination, de cet isolement, de cet abandon, à déplorer tant de bonnes volontés qui demeurent plus ou moins stériles, tant