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DE LA SITUATION
DE
L'ENSEIGNEMENT MEDICAL
EN FRANCE


I

Sous la pression de ses effroyables malheurs, la France, par un mouvement unanime d’opinion, s’est attachée à la réforme de son enseignement supérieur. Elle a compris que cet enseignement est, entre tous, celui qui règle, assure et développe les forces dirigeantes et organisatrices du pays. Les enseignemens primaire et secondaire préparent l’enseignement supérieur façonne et achève l’homme qui sait penser, juger, décider et agir. Si cet enseignement languit, s’il fléchit sur tels ou tels points, la direction sociale devient incertaine et dévié, la sécurité du pays est elle-même compromise. L’enseignement supérieur, c’est le commandement et la direction. Que devient un peuple mal dirigé, une nation commandée par l’impéritie et la présomption ? Ils courent à l’anarchie et aux défaites. La science fournit les armes qui défendent ; elle organise les résistances ; elle rend efficace la lutte des nations pour la vie. Ce n’est pas que la science soit tout, et qu’elle suffise à remplacer les grandes vertus publiques : loin de là ; mais, bien comprise, la science prouve elle-même l’impérieuse nécessité des grandes vertus sociales, et elle en devient l’inspiratrice, elle montre ce que peuvent l’esprit de discipline, d’obéissance, de sacrifice, le respect de toutes les autorités légitimes, de l’autorité morale surtout, source de toutes les autres.

Le gouvernement qui venait de sombrer dans la défaite n’avait pas mis au nombre de ses préoccupations primitives et essentielles