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chaleur leurs sentimens de gratitude. Sa réponse, dont nous citerons un seul passage, est un modèle de grâce, d’élégance et de finesse. « Votre académie, dit-il, sera plutôt une sœur de la nôtre qu’une fille. Cet ouvrage que vous vous êtes engagés à nous envoyer tous les ans, nous le recevrons comme un présent que vous nous ferez, comme un gage de notre union, semblable à ces marques employées chez les anciens pour se faire reconnaître d’amis éloignés. » On voit que l’Académie mettait pour condition à son alliance la redevance d’un tribut annuel, d’un ouvrage en prose ou en vers. Bordeaux, Montpellier, Soissons et sans doute d’autres académies étaient assujetties à la même condition. Le tribut pour l’Académie des Sciences était un mémoire. Nous voyons, dans l’histoire de l’académie de Marseille, quelques discussions au sujet de la nature et de la forme de ce tribut ; cependant il fut payé, au moins dans les premiers temps.

Plus intime encore était la liaison de la société de Montpellier, qui, d’après ses statuts, dit la France littéraire, « doit être regardée comme une extension et une partie de l’Académie des Sciences de Paris, avec laquelle elle ne fait qu’un seul et même corps. En conséquence de cette union très intime, quand quelqu’un de l’Académie des Sciences se trouve à Montpellier ou que quelqu’un de la société de Montpellier se trouve à Paris, ils ont réciproquement entrée et séance dans leurs assemblées. » En outre les deux académies s’engageaient à s’envoyer réciproquement chaque année tout ce qu’elles font imprimer en leur nom. Enfin la société de Montpellier devait chaque année adresser à l’Académie des Sciences un mémoire pour être publié à la suite des siens. Ainsi au XVIIe et au XVIIIe siècle des liens nombreux unissaient les académies provinciales à l’Académie française ou à l’Académie des Sciences dont elles étaient, pour ainsi dire, les filles d’adoption. Aujourd’hui nous voyons avec peine qu’il n’y a plus nulle attache, nul rapport de confraternité entre l’Institut et les sociétés savantes des départemens. Cependant le décret d’organisation du 3 brumaire an IV n’avait pas voulu que l’Institut, comme il résulte de ce nom même, de ce beau nom d’Institut de France, se renfermât en quelque sorte dans Paris, et il plaçait même expressément, parmi ses attributions essentielles, « la correspondance avec les sociétés savantes et étrangères. »

Assurément l’Institut n’a pas été entièrement infidèle à cette partie de sa mission et à l’attente des législateurs. Il suffit de rappeler les correspondans qu’il choisit en dehors de Paris, dans toutes les régions de la France, les questions qu’il met au concours, les prix, les récompenses qu’il décerne solennellement aux meilleurs ouvrages scientifiques et littéraires, les lectures que les étrangers sont