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LES SOUVENIRS
DU
CONSEILLER DE LA REINE VICTORIA

IX.[1]
LES RÉVOLUTIONS DE 1848.


I

Le jugement que les hommes d’état anglais ont porté sur les mariages espagnols renferme deux accusations distinctes, l’une morale, l’autre politique, accusations de valeur très inégale, mais qui se sont perpétuées jusqu’à nos jours avec la même passion et la même persistance. Suivant l’une, la conduite du roi des Français en 1846 n’a pas été conforme à l’honneur ; suivant l’autre, cette affaire que la morale réprouve a engagé Louis-Philippe dans une voie qui devait aboutir à la catastrophe de 1848.

Un récit impartial des faits nous a permis de rétablir la vérité sur le premier point. Pour qui examine sans prévention toutes les péripéties de l’imbroglio, il est évident que l’honneur n’est point en cause. Si le roi des Français a dévié de sa ligne, comme il le reconnaît sans détour, c’est qu’il y a été contraint malgré lui par les déviations de la politique anglaise. Or, quel est l’auteur de ces déviations ? Lord Palmerston et nul autre, nous l’avons montré preuves en main. Il n’y a dans tout cela qu’un changement de ministère à

  1. Voyez la Revue du 1er janvier, du 1er février, du 1er mars, du 1er mai, du 15 août, du 1er novembre et du 1er décembre 1876 et du 15 mars 1877.