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à ceux qui se seront refusés à tout, bravant jusqu’au bout les plus redoutables conflits, ou à ceux qui auront offert un apaisement de la crise dans des conditions réalisables.

Cette tentative aurait eu sans doute plus de chances de succès il y a un mois, avant les troubles, les oscillations et les complications qui ont signalé les dernières semaines ; elle aurait été du moins plus facile. Ce qui aurait pu être tenté il y a un mois, non sans quelque confiance, n’aurait-il plus aucune chance aujourd’hui, avec les difficultés nouvelles qui ont surgi, au point où cette malheureuse crise est arrivée ? C’est l’unique et émouvante question du moment. La première condition serait tout d’abord évidemment de convaincre M. le président de la république, et pour ceux qu’il pourrait appeler auprès de lui, il n’y a plus qu’un moyen, c’est de lui dire avec une simple et respectueuse franchise toute la vérité, de lui montrer sans faiblesse, sans diplomatie, qu’en dehors de cette œuvre de conciliation nécessaire il n’y a plus rien ; non, il n’y a plus rien absolument, — si ce n’est une résolution devant laquelle le patriotisme de M. le président de la république ne reculerait pas, dit-on, s’il le fallait, mais qu’il n’a pas sans doute arrêtée jusqu’ici dans son esprit, et sur laquelle on ne peut réellement fonder aucun calcul sérieux. Ce n’est point de cela qu’il s’agit d’ailleurs. L’essentiel est que M. le maréchal de Mac-Mahon exerce le pouvoir qui lui a été confié, dont il reste le gardien, de la manière la plus utile au pays, la plus digne de lui et de son nom.

Il n’est point certainement impossible qu’il n’y ait autour de M. le président de la république des influences et des conseils intéressés à intercepter la vérité, à abuser le chef de l’état, en lui parlant sans cesse de la nécessité de la résistance, de conflits poussés jusqu’au bout, de la facilité d’une dissolution-nouvelle. M. le maréchal de Mac-Mahon ne peut plus s’y tromper aujourd’hui : tout cela n’est pas seulement coupable, ce n’est plus possible, ce n’est plus une solution, ou ce ne serait un semblant de solution pour un moment qu’au prix de violences et de déchiremens devant lesquels l’honneur du soldat reculerait bien plus que devant une abdication. Une dissolution nouvelle, à l’heure présente, aurait probablement peu de chances d’être sanctionnée par le sénat, et ce serait une singulière illusion de chercher un encouragement dans le dernier vote assez platonique qui a couronné l’interpellation de M. de Kerdrel. Ce vote, dans la pensée des sénateurs de qui dépend après tout la majorité, n’a eu d’autre objet que de rendre témoignage une fois de plus en faveur du pouvoir légal de M. le maréchal de Mac-Mahon ; il n’a point été à coup sûr une promesse de concours pour une dissolution qu’aucune circonstance nouvelle ne justifierait. La résistance, on parle sans cesse de la résistance ! À quoi et au nom de quoi prétend-on résister ? De quelle autorité supérieure et invisible a-t-on reçu mandat ? Sur