en date du 13, et votre réponse en date du 16, adressée à Paris sans mon concours ou sans le consentement de la reine.
« Il me semble que dans votre lettre, en réponse à la mienne, vous vous méprenez sur les conséquences de la question. Il ne s’agit pas de savoir si le président a eu raison de dissoudre l’assemblée et d’annuler la constitution, il s’agit de savoir si vous avez eu raison, vous, comme secrétaire d’état de la reine, d’exprimer une opinion sur ce point. Maintenant, je suis désolé de vous dire que je ne puis avoir aucun doute à ce sujet. Si le gouvernement britannique avait désiré exprimer une opinion sur les récens événemens de la France, le cabinet aurait été consulté, et, son opinion une fois faite, il l’eût déclarée ouvertement. Si au contraire, comme j’ai pensé que c’était la marche à suivre, le gouvernement britannique s’abstient d’exprimer aucune opinion sur les affaires intérieures de France, le secrétaire d’état de la reine ne doit pas en exprimer une, car cet avis qu’il exprime est naturellement considéré comme étant celui du gouvernement britannique.
« Je suis obligé maintenant d’arriver à une conclusion pénible. Tout en m’associant à la politique étrangère dont vous avez été le conseiller, et quelle que soit mon admiration pour l’énergie et l’habileté avec laquelle vous l’avez conduite, je ne puis m’empêcher de remarquer que des méprises perpétuellement renouvelées, des manques de prudence et de décorum trop fréquemment répétés, ont gâté les effets qui auraient dû résulter d’une politique saine et d’une administration intelligente. En conséquence, je suis obligé, bien malgré moi, d’arriver à cette conclusion, que la conduite des affaires étrangères ne peut rester plus longtemps dans vos mains avec avantage pour le pays. Si, au lieu de vous retirer du service, vous voulez accepter la lieutenance générale d’Irlande (que lord Clarendon, je le sais, sera heureux d’abandonner sans viser à un autre emploi), je vous recommanderai très volontiers à la reine pour cette haute position, avec ou sans pairie britannique.
« Ou bien, s’il y a une autre manière de me conformer à vos vues, je serai heureux de le faire. J’ai été trop longtemps votre collègue pour ne pas apprécier très haut vos talens supérieurs et cette science des affaires qui n’a jamais été surpassée. Je n’estime pas moins haut votre conduite très amicale comme collègue, et l’appui que vous m’avez prêté en des circonstances graves et critiques. Je reste votre dévoué
« J. RUSSELL. »
Lord Palmerston répondit qu’il était prêt à rendre les sceaux du foreign office dès qu’il aurait un successeur désigné pour les recevoir. Il ajoutait avec un fier sentiment de sa valeur : « J’ai la satisfaction de penser que les intérêts, l’honneur, le caractère et la dignité du pays n’ont pas souffert pendant que ces sceaux étaient confiés à ma garde. » Il est à peine nécessaire de dire, qu’il refusait