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séjour qu’à la distance même, on pense à son pays. On est heureux si, par des rapprochemens qui naissent en quelque sorte d’eux-mêmes, on se croit en droit de lui attribuer certaines supériorités ; on serait plus heureux encore si l’on savait, avec quelque autorité, lui proposer des exemples qu’il put suivre, et des imitations qui convinssent à son génie.


I.

C’est du roi Louis Ier que date le mouvement des arts dont la ville de Munich a été le théâtre. On a beaucoup vanté la générosité et les goûts libéraux du monarque ; on n’a pas assez songé aux inconvéniens de ce patronage officiel. L’art implanté par lui sur le sol de la Bavière ne pouvait y jeter des racines bien profondes. À travers ses prétentions hautaines et ses affectations d’indépendance, on sent qu’il n’a rien de spontané, et il a gardé je ne sais quel air de commande et de précipitation. Ses productions hâtives reflètent les impatiences et les engouemens multiples d’un roi dont les caprices en tout genre sont restés célèbres. Les monumens, pastiches de tous les styles et de toutes les époques, sont comme les illustrations de ses voyages, et dans les œuvres de ses peintres nous retrouvons la trace de ses prédilections philosophiques ou littéraires. Son principal confident, l’architecte Klenze, était un homme d’un véritable talent, et toutes les fois qu’il eut à remplir un programme bien défini, comme pour le musée de peinture et la Glyptothèque, il a fait preuve d’un goût et d’un sens heureux d’appropriation qui suffiraient à l’honneur de son nom ; mais d’autres édifices élevés par lui ne répondaient à aucun besoin local : c’étaient de pures curiosités destinées à satisfaire le dilettantisme d’un amateur couronné. Historiquement sans doute de pareils essais ont eu leur importance en appelant l’attention sur des époques et des styles alors peu connus ; ils ne présentent plus guère aujourd’hui qu’un intérêt rétrospectif. Dans leurs lignes principales, ces constructions accusent, il est vrai, les grands traits de styles bien distincts dont elles devaient offrir comme la représentation typique ; toutefois leur mérite à cet égard est trop sommaire pour assurer leur réputation. On est mieux renseigné aujourd’hui sur les phases diverses de l’art du passé. Si les productions originales sont rares dans l’architecture contemporaine, la science du moins a marché. Par des explorations et des comparaisons nombreuses, par des restaurations intelligentes et consciencieusement menées, on a appris à bien connaître non-seulement la forme extérieure des monumens des styles les plus différens, mais encore les moindres détails de leur structure intime.