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LA
MALADIE DU PESSIMISME
AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE

II.[1]
L’ÉCOLE PESSIMISTE EN ALLEMAGNE,
SON INFLUENCE, SON AVENIR.


I.

Il semble que le monde des idées soit soumis, dans tous les ordres de problèmes, au jeu alternatif de deux doctrines extrêmes et contraires. Dans tout le cours du siècle dernier et dans la première moitié du nôtre, c’est incontestablement l’optimisme qui avait prévalu en Allemagne, sous des formes et à travers des écoles variées. Aujourd’hui il n’est guère douteux que ce ne soit le pessimisme qui tende à triompher, au moins momentanément[2]. Le pauvre esprit humain ressemblera toujours au paysan ivre de Luther, qui tombe tantôt à droite, tantôt à gauche, incapable qu’il est de se maintenir en équilibre sur sa monture.

  1. Voyez la Revue du 15 novembre.
  2. Nous devons signaler un livre de M. James Sully, qui vient de paraître sous ce titre : Pessimism, a history and a criticism, London, 1877. — C’est une histoire et une étude très complète; nous ne nous trompions pas en disant que cette question est décidément à l’ordre du jour de la philosophie. L’auteur savant et distingué de Sensation and Intuition nous apporte dans ce nouveau livre un contingent d’observations et d’informations exactes dont nous ne manquerons pas de faire notre profit, bien que le point de vue auquel nous nous sommes placé soit sensiblement différent du sien.