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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1877.

Au jour fixé, le parlement de la France s’est retrouvé à Versailles. Le sénat, qui a dû à son caractère d’assemblée permanente et inamovible de n’être que prorogé, a repris simplement ses séances interrompues, et il a commencé par se donner un congé, sans doute pour ne point être exposé à des démonstrations ou des interventions prématurées ; c’est aujourd’hui seulement qu’il reprend la parole. La chambre des députés, récemment sortie de la fournaise électorale, est entrée en possession de ses droits ; elle s’est mise aussitôt, non sans préoccupations, mais avec une fixité singulière, à expédier des vérifications de pouvoirs, à régulariser son existence, à se constituer : elle a formé son bureau à la tête duquel elle a justement replacé M. Jules Grévy, qui a inauguré sa présidence nouvelle par quelques paroles d’une fermeté sérieuse et sobre. Le gouvernement, à son tour, après avoir hésité, après avoir paru se demander pendant quelques jours sous quelle figure il devait reparaître, le gouvernement a fini par céder à l’inspiration malheureuse de se présenter aux chambres sous la forme du ministère de la dissolution, des élections, de la défaite du 14 octobre. En apparence, ces premières opérations, ces premières rencontres se sont passées assez paisiblement, au moins sans choc immédiat ; mais on sentait bien que dans cette paix plus affectée que réelle, dans ce qu’on pouvait appeler la trêve provisoire de l’organisation de la chambre, il y avait quelque chose de menaçant, et que, si les défis ne se traduisaient pas encore en actes précis, décisifs, ils étaient dans l’air. L’orage s’annonçait d’heure en heure à des signes infaillibles, à l’irritation mal contenue des esprits, aux dispositions des partis, à la manifestation croissante d’incompatibilités, peut-être irréparables ; il a fini par éclater avec violence dans une proposition ayant pour premier objet la nomination d’une commission d’enquête parlementaire sur les élections, sur la candidature offi-