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LA
QUESTION DES IMPOTS

I.
L’IMPOT PROGRESSIF.

Nous écrivions ici même, il y a quelques années : « Il n’y a pas de question plus délicate que celle de l’impôt. Savoir ce qu’on doit légitimement à l’état pour les services qu’on en reçoit, sous quelle forme il convient mieux de s’acquitter pour éprouver le moins de gêne et ménager le plus la richesse publique, tel est le problème. On discute sur ce sujet depuis longtemps, et dans aucun pays on n’est encore parvenu à une solution qui satisfasse tous les esprits. Ce qui le prouve, ce sont les remaniemens de taxes qui ont lieu constamment et à peu près partout. Ces remaniemens tiennent sans doute à ce que, les besoins des états venant à s’accroître, il faut y pourvoir par de nouveaux impôts ; ils tiennent aussi à ce que, les sources de la richesse variant sans cesse, les unes se développant plus que les autres et de nouvelles surgissant, il convient d’équilibrer le fardeau en raison des forces qui doivent le supporter. Tout cela est vrai. Cependant, si l’impôt est si souvent mis en discussion, c’est encore parce que les idées ne sont pas parfaitement nettes à cet égard[1]. » Depuis que ces lignes ont été écrites, les choses, il faut en convenir, ne se sont pas beaucoup éclaircies, elles sont peut-être même plus embrouillées que jamais. Jamais en effet on n’avait vu surgir autant de propositions, tantôt pour

  1. Voyez la Revue du 15 janvier 1873.