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les pauvres actionnaires des ports de Brest ne tardèrent pas à voir leurs titres réduits à rien. Le nouveau port lui-même, le bassin édifié pour abriter les paquebots de la compagnie transatlantique, qui véritablement restaient en rade et qu’on rejoignait avec un petit bateau à vapeur spirituellement nommé le Satellite, le port marchand de Brest a bientôt été réduit à ses pêcheurs, à ses caboteurs naturels. C’est que les havres de commerce ne s’improvisent pas sans motifs, et sur le simple décret d’un ministre. Sans doute Brest est la pointe la plus avancée de la France sur l’Océan ; Brest a l’une des premières rades du monde ; mais qu’y aurait-on porté, que pouvait-on y débarquer avec profit ? Le lieu était trop éloigné, la campagne environnante trop dépeuplée, trop stérile ; aucun cours d’eau navigable dans le voisinage, à peine un pauvre canal communiquant avec Nantes, et créé surtout dans une vue de défense militaire. C’est là ce qu’il aurait fallu voir tout d’abord. La compagnie transatlantique a fini par abandonner ce port de relâche ; elle y perdait son temps et son argent, et les passagers eux-mêmes préféraient Le Havre, qui n’est distant de Paris que de cinq heures, à Brest, où la voie ferrée en met dix-huit. Depuis quelques années, on ne part plus que du Havre pour les voyages de New-York, et l’on touche à Plymouth au lieu de toucher à Brest.

Ce qu’il fallait faire en réalité pour donner à tout ce rivage de l’Océan la vie, le bien-être, la fortune, les particuliers l’ont tenté sans que l’état ait eu beaucoup à y intervenir. La terre se refusant en maints endroits à fournir un fret aux navires, on a exploité la mer comme fabrique d’alimens. La pêche s’est développée à souhait. A Nantes, à Concarneau, on s’est mis à saler la sardine, l’anchois, le thon, et à expédier ces produits conservés dans l’huile par millions de boîtes à travers le monde entier. C’est une industrie fructueuse, où les Français sont passés maîtres, et que les Américains essaient en ce moment de leur ravir. Sur tout le littoral, on a établi des viviers dans lesquels on a conservé le poisson, soit pour la consommation indigène, soit pour l’expédition au dehors. Enfin on a entrepris la culture des huîtres sur une échelle immense. C’est sur ces rivages, à Bélon près Quimper, à Lorient, à Auray, à Vannes, que sont les parcs les plus considérables, les aménagemens les plus grandioses, parmi lesquels on peut citer ceux de M. le baron de Wolbock. On sait quelle consommation fait Paris et toute la France de ce mollusque cher aux gourmets, dont le prix malheureusement augmente toujours, sans que la qualité s’améliore beaucoup. Malgré tous les soins donnés à l’élevage et toutes les découvertes nouvelles faites en ostréiculture, il est certain, aussi que le nombre d’huîtres pêchées est aujourd’hui bien moins considérable qu’il y a vingt-cinq ans, ce qui explique la hausse