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LE DUEL
DE MARIE DE MEDICIS
ET DE RICHELIEU

Marie de Médias dans les Pays-Bas (1631-1638), par M. Paul Henrard, major d’artillerie. Liège, 1877.

Marie de Médicis était fille de François Ier de Toscane, et de Jeanne, la fille de l’empereur Ferdinand Ier. Michelet l’appelle une « lourde bête allemande, » ailleurs une « Italienne au sang allemand et aux mœurs espagnoles. »

Sa mère Jeanne était morte de chagrin par suite de la passion que son mari éprouvait pour la belle Vénitienne Bianca Capello. La petite princesse eut pour belle-mère l’ennemie mortelle de sa mère ; son père même la prit en haine. On lui donna pour l’élever une dame romaine, instruite et cultivée, Francesca Orsini. Son père mort, son oncle Ferdinand devint duc de Toscane. Marie fut un peu plus heureuse, mais continua à vivre solitaire et occupée de ses études. Elle devint naturellement timide, réservée, hypocrite, silencieuse, gauche : la dévotion lui fut de bonne heure une distraction nécessaire.

Elle ressentit, dit-on, les mouvemens d’une froide passion pour son cousin, le beau Virginio Orsini, comte de Bracciano ; celui-ci n’y répondit point et se maria ailleurs. Marie avait déjà vingt-sept ans qu’elle était encore fille : la fleur de la beauté tombe vite aux pays chauds ; elle avait pris de l’embonpoint, ses traits, sans être flétris, n’avaient plus rien de virginal. C’est à ce moment qu’elle