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qu’il faisait, on accourut pour voir ce qui était arrivé, et Giannino se mit à raconter les propos qu’il avait entendus des pigeons sur la fenêtre, et que c’étaient eux qui lui avaient rendu le souvenir de sa femme Persillette, abandonnée à l’auberge à cause des baisers de la reine et des malédictions de l’ogre. « Vite, dit-il, qu’on aille avec les voitures chercher ma Persillette. » Sans retard l’on attela les chevaux, et toute la cour alla chercher Persillette. Ils la portèrent en triomphe au palais, où l’on fit les noces avec de grandes fêtes, des carrousels et des dîners. On invita toutes les personnes du royaume. Ainsi finirent les peines de Persillette, et elle resta avec son époux, joyeuse et contente, aussi longtemps, qu’elle vécut. »

Il y a une autre version de ce conte écrite par Celio Malespini, auteur assez prolixe, beau diseur et s’attardant aux sentences.

Un roi d’Égypte a si longtemps offensé la Providence qu’il devient lépreux. Il convoque tous les médecins de son royaume et leur ordonne de le guérir. S’ils n’y réussissent pas au bout de trois jours, ils seront tous étranglés. Les malheureux sont mis sous clé et attendent le supplice ; mais l’un d’eux, le plus vieux, le plus obscur, s’avise d’un remède infaillible. Il faut trouver un jeune homme de sang royal et lui couper les veines : le roi se baignera dans le sang du prince et guérira. C’est cruel, mais la raison d’état ! Il s’agit de sauver le trône. Des pirates sont envoyés sur la mer. L’un d’eux va droit en Italie et enlève le jeune Terminion, fils du roi de Sicile. Le lépreux ne se sent pas de joie et demande que Terminion soit saigné sur-le-champ. « Non, dit le médecin, ce jeune homme a eu trop d’émotions, son sang échauffé ne vous ferait que du mal. Attendez au printemps, d’ici là traitez-le bien, rendez-le frais et gaillard et promettez lui Pirinie, votre fille. » Le roi y consent, Pirinie et Terminion sont mis en présence et deviennent amoureux l’un de l’autre. La princesse est informée du sort qui est réservé au prince ; elle se tait cependant jusqu’à la dernière heure. Alors seulement elle l’instruit du péril et le sauve. À l’aide d’un talisman qui les rend invisibles, les fiancés, à tire d’aile, descendent le Nil. À l’aide d’un autre talisman, Pirinie, qui est magicienne, a endormi la reine sa mère. La reine, également magicienne, se réveille et court à la poursuite des fugitifs. Au moment de les atteindre, elle a ses deux mains coupées par le glaive étincelant de Terminion ; elle lance alors contre les fiancés la malédiction de l’ogre : Pirinie sera délaissée et oubliée si Terminion reçoit le baiser d’une autre femme. À partir de ce moment, la nouvelle suit le conte. Le prince arrive en Sicile et laisse sa fiancée dans une auberge pour se rendre à la cour et revenir la chercher avec une pompeuse escorte de dames et de chevaliers. Mais pendant son sommeil il est embrassé par sa mère, et