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Chacun de ces jeux est accompagné d’une chanson particulière, ordinairement très folle et qui montre la gaîté du pays. Il en est aussi de très pieuses. Voici une cantilène que les femmes répètent en faisant danser un bambin sur leurs genoux :


« Jésus-Christ voulait du pain : la Madone n’en avait pas. — va, dit-elle, dans le panier il y a des raisins secs. — Jésus-Christ n’en trouva point : la Madone s’agenouilla. — Agenouillons-nous, mon fils, et dis-moi ton catéchisme : apprenons ce qu’il nous dit, nous irons en paradis : c’est l’endroit des belles choses, qu’on y monte, on s’y repose. Dans l’enfer, le feu ardent ; qu’on y tombe, on s’en repent. »


En voici une autre du même ton :


« Jésus-Christ allait au ciel, après lui Barthélémy. Jésus-Christ se retournant : — Que fais-tu, Barthélémy ? — Je m’en viens derrière vous. — Ne viens plus derrière moi, redescends, entre à l’église ; tu verras là tous les saints, tu verras aussi Marie toute pleine de couronnes. Prenons des gerbes de fleurs pour en fleurir son mouchoir, prenons des gerbes d’étoiles, nous en fleurirons son voile. »


Traduisons encore un ou deux refrains chantés par les nourrices en berçant leur enfant :


« Viens, sommeil, je veux te payer deux demi-sous par heure : ça fera deux sous pour deux heures. En peu de temps, je te ferai seigneur. Sommeil, qui viens du haut du mont, mets-lui ta boule d’or au front, mets-la sans lui faire du mal. Le petit veut faire dodo, veut dormir sur un lit de menthe ; l’enfant dort, la mère est contente. Veut dormir sur un lit de rose ; l’enfant dort, la maman repose.

« Viens, sommeil si tu veux venir et ne te fais pas tant prier. La nuit je te prie et t’appelle, et tu ne viens jamais qu’au jour.

« Sommeil, sommeil, qui tardes et ne viens pas, viens à cheval et ne viens pas à pied ; viens à cheval sur un beau cheval blanc. L’enfant s’endort, et sa mère lui chante ; la mère chante pour le faire dormir. Paix et sommeil à mon petit enfant ! »


Telles sont les premières paroles qu’entendent les enfans de Pomigliano. Quand ils sont un peu plus grands, on leur conte des histoires, et l’on commence par de simples filastrocche, rengaines ou litanies bouffonnes qui amusent les bambins de tous les pays. Il en est quantité de pareilles dans la littérature enfantine de l’Allemagne. Voici la plus populaire de ces fariboles pomiglianaises ; nous tâcherons de l’abréger :

« Une mère avait un fils nommé Micco (diminutif de Dominique). Un jour elle l’envoya ramasser des herbes pendant qu’elle faisait