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légitime. M. Sanchez Silva demandait que les députations forales fussent remplacées par des corps élus désormais selon les règles générales du royaume ; cette proposition n’eut pas de suite.

La loi était votée, restait à l’appliquer. La fin de l’année se passa sans incident ; mais dès le mois de janvier 1877, quand il s’agit de dresser la liste de conscription, les difficultés commencèrent ; les deux députations d’Alava et de Guipuzcoa se montrèrent, il est vrai, assez conciliantes ; mais celle de Vizcaye ne voulut rien entendre. À l’exemple des députés, toutes les autorités forales refusèrent de prêter leur concours à l’application de la loi ; force fût donc au gouvernement de nommer d’office un jury chargé de dresser les listes qui devaient servir pour le tirage au sort ; puis, la situation devenant de plus en plus tendue, les deux députés, MM. Sagarminaga et Calle, donnaient leur démission ; les deux députés en second prenaient leur place et recevaient du général Quesada, commandant en chef l’armée d’occupation, ordre de convoquer sans retard une junte extraordinaire. Cette junte devait nommer, outre une députation nouvelle, la commission chargée de s’entendre avec le gouvernement au sujet de la loi. Or, l’assemblée à peine convoquée à Bilbao, il fut évident que le parti de l’opposition y dominait et qu’elle se préparait à donner sur les deux points des votes contraires aux vœux du gouvernement. Le général Quesada prit le parti de la dissoudre, et quelques, jours après paraissait dans la Gazette officielle un décret daté du 5 mai, assimilant absolument la Vizcaye aux autres provinces du royaume : le gouvernement supprime les autorités forales et implante dans le señorio le système général tributaire sans aucune distinction de forme ou de conditions. Aux termes du décret, une députation provinciale fut constituée d’office par le général Quesada, et dut aussitôt entrer en fonctions. Les députés choisis, MM. Gortazar et Vildosola, étaient, comme tout véritable Euskarien, profondément attachés à leurs institutions nationales ; mais ils comprirent qu’il fallait céder, sauf à tirer des circonstances tout le parti possible. Et en effet, leur présence n’aura pas été inutile, puisqu’à part ce changement nominal de députation forale en provinciale, le décret du 5 mai n’a pas reçu jusqu’ici d’autre application. Pendant ce temps, les opérations du tirage au sort se poursuivaient régulièrement : l’Alava devait fournir 470 hommes, le Guipuzcoa 640 ; pays pauvre et de peu de ressources, l’Alava a donné les siens, à l’exception des jeunes gens qui tenaient de leur famille les moyens de s’exonérer ; le Guipuzcoa en a racheté les deux tiers et présentera pour le reste des remplaçans. Quant à la Vizcaye, par suite du mauvais vouloir des ayuntamientos, les listes des jeunes gens soumis à la loi n’avaient point