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tandis qu’un Maori peut être élu par n’importe quel district. Cette constitution générale n’offre par elle-même rien de particulièrement démocratique ; elle institue un cens électoral assez élevé, et les membres du corps législatif sont nommés à vie par la couronne, tandis que dans la plupart des colonies australiennes le conseil législatif est élu par les habitans, et le suffrage universel prévaut pour l’élection des représentans ; mais la démocratie a élargi ses cadres en exagérant les chiffres des membres de ces assemblées. La Nouvelle-Zélande peut certainement se vanter d’être le pays le plus représenté qu’il y ait au monde. Le conseil-général, qui à l’origine ne se composait que de dix membres, en compte aujourd’hui quarante-cinq ; la chambre des représentans, qui à l’origine ne se composait que de trente-sept membres, en compte aujourd’hui soixante-dix-huit. Voilà bien des législateurs pour une population qui n’atteint pas encore 400,000 âmes, et cependant les gouvernemens provinciaux doublent encore ce nombre.

La Nouvelle-Zélande se compose de trois îles : l’île du Nord, l’île du Milieu et l’île Stuart. En fait, il n’y a que les deux premières qui comptent, l’île Stuart, très petite, étant encore aujourd’hui exclusivement occupée par les Maoris et les populations métisses. Chacune des deux grandes îles est divisée en quatre provinces : Otago, Canterbury, Marlborough et Nelson pour l’île du Milieu, plus le comté de Westland formant une sorte de demi-province ; Hawke’s-Bay, Taranaki, Wellington et Auckland pour l’île du Nord. Chacune de ces provinces a obtenu une législature particulière avec un surintendant tenant lieu de pouvoir exécutif. Ces législatures ne sont point de simples assemblées provinciales ; ce sont de véritables parlemens gérant les finances des provinces et disposant de leurs terres comme ils l’entendent. Autour du gouvernement central siégeant à Wellington gravitent donc, comme autant de satellites autour de leur planète, huit autres gouvernemens tous aussi constitutionnels les uns que les autres. Par une disposition très judicieuse, les surintendans peuvent siéger dans l’assemblée générale, s’ils sont élus comme représentans ; ils y siégeaient tous les huit lorsque M. Trollope visita la colonie, en sorte que les législatures provinciales se trouvaient ainsi reliées au gouvernement central par les représentans les plus autorisés de leurs intérêts. M. Trollope voit justement dans ces législatures provinciales une imitation du système fédératif américain qui institue pour chaque état un gouvernement particulier composé de deux chambres et d’un gouverneur élu ; seulement en Nouvelle-Zélande les conditions dans lesquelles se sont établis ces gouvernemens provinciaux sont à l’inverse des conditions nécessaires en Amérique pour constituer un état régi par un gouvernement séparé. En Amérique, nulle région nouvelle ne peut devenir de