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qu’il avait préparée ; il n’a pas ; comme ce devait être son dessein, pratiqué une nouvelle prise d’eau et procédé à un second écoulement. Il en aura été empêché par les intrigues de ses adversaires et par la diminution de son crédit pendant la dernière année du règne de Claude. Dion Cassius nous dit qu’il fut accusé, à propos de l’accident de la seconde inauguration, d’avoir préparé lui-même la mort de l’empereur et d’Agrippine, afin d’effacer dans un grand désastre les vestiges de ses fraudes. Les deux épisodes que Tacite nous a racontés sont de l’année 52 ; Claude mourut en octobre 54, après quoi Narcisse, d’abord emprisonné, reçut l’ordre de se donner la mort. L’émissaire de Claude ne fonctionna donc comme galerie de dessèchement que pendant un temps limité, jusqu’au terme d’un premier écoulement que la seule circonstance d’une crue aurait pu prolonger. Il put fonctionner quelque temps aussi comme trop-plein du lac ; mais au bout de quelques années il s’obstrua. Pline le naturaliste, présent lors de la première inauguration et admirateur de l’émissaire, n’hésite pas à en accuser Néron, qui, par haine ou dédain pour le souvenir et les œuvres de son prédécesseur, négligea volontairement, dit-il, un entretien très nécessaire.

Fut-ce l’empereur Trajan, toujours si attentif aux intérêts matériels de l’Italie, qui reprit les travaux du Fucin ? On peut s’appuyer pour l’admettre sur une inscription[1] exprimant un hommage du sénat et du peuple romain à cet empereur « pour avoir reconquis et restitué à leurs propriétaires les champs que la violence du lac Fucin avait inondés. » Cette inscription, après avoir été remarquée pour la première fois, disait-on, vers 1636 dans la petite ville d’Avezzano, n’avait été publiée qu’une vingtaine d’années plus tard, et déjà on ne retrouvait plus ce marbre, bien qu’il dût orner la base d’une statue de Trajan. La rédaction en a paru fautive à plusieurs érudits ; rejetée par Orelli, elle est finalement acceptée par son savant continuateur, M. Henzen. En tout cas, Trajan ne dut rien faire ici de bien considérable. A en croire l’inscription même, ce serait peu avant sa mort qu’il aurait commencé ces travaux : il dut se borner à déblayer les parties de l’émissaire et de l’incile qui se trouvaient obstruées ; cela pouvait suffire pour rendre aux propriétaires les terres conquises au temps de Claude.

Spartien nous atteste qu’Adrien à son tour fit au Fucin des travaux importans : lacum Fucinum emisit. Ces trois mots paraissent indiquer à eux seuls de nouveaux résultats. On cite en outre deux médailles, et une inscription, trouvée aussi dans Avezzano, qui

  1. Orelli, 796.