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presque insurmontables aux mouvemens de troupes et rendre la répression aussi lente que difficile. Le ministre ajoutait : « tout ceci doit donner à réfléchir et rendra sans doute le congrès plus raisonnable sur le chapitre de l’armée. » On sait en effet que le dernier congrès a voté une réduction de l’effectif. Le ministre pourra mettre sous les yeux du congrès la pétition qu’il a reçue du comité de salut public de Pittsburg, demandant qu’on laisse dans cette ville, à titre de garnison permanente, les troupes qui y ont été envoyées.


« Nous croyons à peine nécessaire, dit cette pétition, de vous rappeler l’importance de Pittsburg comme point stratégique : permettez-nous cependant de vous faire respectueusement observer que c’est ici que le réseau pensylvanien atteint les eaux de l’Ohio, qui coulent sans interruption jusqu’au golfe de Mexique. Ce n’est pas seulement notre population, ce sont les milliers et centaines de milliers de familles entre cette ville et la Nouvelle-Orléans qui dépendent du bassin houiller de Pittsburg pour leur combustible, et qui reçoivent par les voies ferrées et les voies navigables dont notre ville est le centre la plupart des nécessités de la vie. En présence de ces faits et instruits par la cruelle expérience des dix derniers jours, nous vous demandons avec instance de laisser dans l’arsenal une garnison aussi forte que les exigences du service vous le permettront, Si, dans votre opinion et dans celle des officiers ici présens et au courant de notre situation, l’effectif au service des États-Unis n’est pas assez nombreux pour que vous puissiez détacher ici les forces nécessaires pour constituer une garnison suffisante, nous vous supplions respectueusement de faire enregistrer notre pétition, afin que dans la session qui va s’ouvrir l’attention du congrès puisse être appelée sur elle. »


Le désir des habitans de Pittsburg est partagé par bien d’autres localités. « Il est tout simple, disait le World de New-York, que tout New-Yorkais sensé, en lisant dans son journal, le lendemain du meeting de Tompkins-Square, les divagations de Conroy, de Swinton et de Schwab, n’en ait fait que rire et se soit félicité d’habiter une ville trop intelligente pour se laisser bouleverser par de tels songe-creux ; mais, si l’intelligence de New-York n’avait pas été représentée la veille par une légion de solides gourdins maniés par des gaillards aussi solides et par une réserve de fusils aux mains résolues de soldats-citoyens, la lumière du jour aurait pu éclairer un spectacle bien différent. La population de Pittsburg et celle de Baltimore ne sont pas moins intelligentes que celle de New-York : que n’ont-elles pas souffert des mains d’une poignée de sauvages ! »

La nécessité d’augmenter l’armée permanente, afin que le gouvernement ait toujours à sa disposition une force régulière, disciplinée, étrangère aux influences et aux passions locales et inspirant