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partage de la corde vocale en deux parties qui, suivant l’état de contraction ou de relâchement des fibres musculaires, sont ensemble entraînées dans un même mouvement vibratoire, ou s’isolent l’une de l’autre ; or, sous l’influence d’une même tension, le ruban fibreux, vibrant seul, rend nécessairement un son plus élevé que lorsqu’il est alourdi par la partie musculaire contractée de la corde vocale. En voix de fausset, le chanteur peut donc aborder des régions de l’échelle musicale interdites à sa voix de poitrine.

On doit également à M. Donders des recherches expérimentales d’un grand intérêt sur la formation des voyelles et des consonnes, dont M. Gavarret expose les principaux résultats : les voyelles sont des timbres, caractérisés par des notes de résonnance fixes ; mais parmi les consonnes elles-mêmes plusieurs participent de cette propriété. M. Donders distingue jusqu’à quatre r, suivant les parties de la bouche où se produit le frémissement, et il détermine les notes caractéristiques de ces quatre r. Nous ferons remarquer à ce propos que Mme E. Seiler et le docteur O. Wolf ont tenté de déterminer de la même façon les notes fixes que ces deux observateurs attribuent à la plupart des consonnes ; mais peut-être les résultats annoncés par eux ont-ils besoin d’être confirmés par des expériences nouvelles. M. Gavarret nous fait aussi connaître les recherches de M. le docteur Rosapelly sur l’inscription des mouvemens phonétiques, exécutées dans le laboratoire de M. Marey, au Collége de France ; c’est une intéressante application de la méthode graphique à l’étude des mouvemens si complexes qui se produisent dans l’acte de la parole ; M. Rosapelly a notamment obtenu des tracés simultanés des mouvemens des lèvres, du larynx et du voile du palais. Les travaux de ce genre promettent d’être féconds surtout pour la linguistique ; mais il n’est pas douteux non plus que la connaissance du mécanisme de la phonation ne soit d’une importance majeure pour l’enseignement et la pratique du chant.

M. Blaserna, professeur à l’université de Rome, dans son livre intitulé le Son et la Musique, qui fait partie de la Bibliothèque scientifique internationale, s’est placé à un point de vue différent ; il s’occupe plus particulièrement des phénomènes du son dans leurs rapports avec la science musicale. M. Blaserna s’attache donc à mettre en lumière les causes physiologiques du sentiment de la mélodie et de l’harmonie, selon les idées de M. Helmholtz. Les principes de cette théorie sont aujourd’hui suffisamment connus ; on trouvera toutefois dans le livre de M. Blaserna quelques vues personnelles et des aperçus intéressans concernant le développement historique de la musique.




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