Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 23.djvu/71

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quand la cavalerie germaine, tenue en réserve comme toujours pour le moment décisif, prit en flanc les cavaliers gaulois exténués et les repoussa en désordre. Vercingétorix, qui avait maintenu toute la journée son premier avantage malgré les efforts des Romains pour le débusquer, dut ramener dans Alise ses hommes attristés.

Un jour plein s’écoula avant qu’on tentât de nouveaux efforts contre le camp romain ; mais pendant la nuit les Gaulois essayèrent de le surprendre. Vers minuit ils sortirent en silence de leur camp, munis de claies, de harpons et d’échelles. Tout à coup ils donnent l’assaut en jetant de grands cris pour avertir les assiégés. À ces cris répondent les troupes de Vercingétorix qui appuie le mouvement par une nouvelle sortie ; mais les deux attaques paraissent avoir été mal combinées. César avait pris toutes ses mesures en prévision d’une agression nocturne. Les corps chargés de la garde des remparts étaient disposés de manière à se soutenir mutuellement. Les Gaulois, inexpérimentés, tombaient dans les chausse-trapes qui garnissaient le sol en avant des retranchemens ou sous les coups des armes de jet, espèce d’artillerie à laquelle ils ne pouvaient rien opposer. De son côté, Vercingétorix n’avait pu arriver qu’assez tard. Il avait rempli comme l’avant-veille les premiers fossés et s’en était emparé ; mais à l’aurore il vit les Gaulois du dehors forcés de regagner leur camp pour ne pas être cernés. Cela montre que, cette fois encore, l’attaque avait été dirigée sur un seul point et que le nombre d’hommes engagés était relativement faible. Lui-même devait craindre quelque manœuvre de César pour pénétrer inopinément dans la ville privée d’une grande partie de ses défenseurs. Il dut donc se retirer aussi sans avoir profité de son succès partiel.

Rien toutefois n’était encore perdu. Bien qu’éprouvée par ces deux rudes journées, l’armée gauloise était encore debout et résolue. L’armée romaine avait beaucoup souffert. En réalité, les deux combats n’avaient été que des engagemens sans portée décisive. Il y avait encore une grande bataille à livrer. Ce fut le cousin de Vercingétorix, l’Arverne Vergasillaune, qui fut chargé de la commander. Mais pourquoi les autres chefs ne marchèrent-ils pas aussi ? Que signifie l’inaction totale de Virdumar et d’Époredirix, les deux chefs éduens ? Que font-ils donc, eux et leurs hommes, tandis que les autres se battent ? Pourquoi se borner toujours à attaquer le camp romain sur un seul point, quand il était si simple de multiplier les points d’attaque pour empêcher l’ennemi de se porter avec toutes ses forces sur la partie menacée ? Autant de questions soulevées par le texte lui-même de César, questions qui demeurent absolument sans réponse, qui du moins ne se résolvent que