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« On assure qu’il a été déjà roué une fois à Grenoble, que le bourreau l’épargna, et qu’il ne faudra que rouvrir ses premières blessures quand on le rouera comme on rouvre une saignée. »

Cette recrudescence de sévérité fut surtout manifeste, à partir du XVIe siècle, dans la punition des attentats contre la vie et la personne du souverain. C’est pour ces sortes de crimes qu’on imagina l’affreux supplice de l’écartèlement, dont on trouve déjà un exemple chez les Romains : Tite-Live nous dit que, pour punir la trahison du roi d’Albe, Mettius Suffetius, on fit déchirer ses membres en les attachant à deux chars qui tiraient en sens inverse. Aux régicides, on coupait le poing comme aux parricides, on les soumettait à d’épouvantables tortures. Du temps d’un prince aussi clément qu’Henri IV, qu’on appelait le bon Henri, on roua son assassin, Pierre Barrière, après qu’on lui eut infligé l’ablation du poing et le tenaillement avec des tenailles ardentes. Le parlement trouvait à l’étranger de tristes modèles de ces atrocités. Balthazar Gérard, l’assassin de Guillaume d’Orange, avait été torturé d’une manière plus épouvantable encore ; épuisant sur lui tous les raffinemens de la cruauté, on fit durer près de trois semaines, au dire de Brantôme, les incroyables tourmens qu’on lui infligea. Le premier jour, on plongea dans de l’huile bouillante le bras avec lequel il avait commis son crime ; le second jour, on le lui coupa ; le troisième et le quatrième, on le tenailla de diverses manières, et ces tourmens se prolongèrent pendant dix-huit jours au bout desquels il fut roué et mailloté, ayant supporté pendant un si long espace de temps ces tortures inouïes. L’écartèlement fut bientôt substitué à la roue comme dernier tourment infligé à celui qui avait dirigé contre une personne auguste le fer de l’assassin. Le meurtrier de François de Guise avait été écartelé en 1563. On ordonna ce même supplice pour Jean Chatel, qui fut tiré à quatre chevaux au lieu d’être rompu vif, et en d’autres pays on adopta pareil supplice pour le crime de haute trahison, mais on pendait d’abord le coupable, et son cadavre seul était écartelé : c’est ainsi qu’on procéda à l’égard du comte de Montrose, qui s’était mis en Écosse à la tête d’un mouvement en faveur de Charles II.

Être tiré à quatre chevaux ne parut pas encore assez pour punir l’assassin d’un monarque. Quand le parlement délibéra sur le supplice à infliger à Ravaillac, la férocité de ce qu’on pourrait appeler les mœurs judiciaires arriva à son paroxysme. Chacun de s’ingénier pour imaginer quelque nouveau genre de tourment. La reine mère, lit-on dans la relation du procès consigné dans les Mémoires de Condé, dit aux commissaires qu’il y avait un boucher qui se présentait pour écorcher le coupable tout vif et qui promettait de le faire de façon à laisser vivre le patient longtemps afin qu’il