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Central-Pensylvanien les transports de la région houillère, et relie New-York aux ports du lac Érié, à Buffalo, l’un des grands entrepôts du commerce des grains, et au Canada. Enfin le New-York-Central couvre de ses embranchemens le centre et le nord de l’état de New-York, se relie aux lignes de la Nouvelle-Angleterre, et, longeant la frontière canadienne, atteint Chicago, le port de cette mer méditerranéenne qui s’appelle le lac Michigan. Un cinquième réseau, le Boston, Albany et Hoosac, dessert le Massachusetts et les autres états de la Nouvelle-Angleterre et prolonge sa ligne principale jusqu’à la région des lacs ; mais, bien qu’alimenté par Boston et par quelques autres ports qui ne sont pas sans importance, ce réseau a moins d’élémens de trafic parce qu’il n’atteint pas la vallée du Mississipi. Les produits manufacturés de l’Europe à destination de l’ouest et les produits agricoles de l’ouest à destination de l’Europe peuvent prendre encore une sixième voie : le réseau canadien, qui met la navigation du Saint-Laurent en relation directe avec Chicago et avec tous les ports établis sur ces lacs immenses qui séparent les États-Unis du Canada. Ainsi chacun des grands ports situés sur l’Océan-Atlantique peut être considéré comme la base d’un immense éventail dont les branches vont toucher les principaux entrepôts de l’ouest : chacun de ces entrepôts est, à son tour, la base d’un autre éventail dont les branches couvrent la vallée du Mississipi. Cet exposé doit faire comprendre combien de voies diverses desservent les relations commerciales entre l’Europe et l’intérieur des États-Unis, et comment, lorsqu’une grève ou un cas de force majeure vient à entraver ou à interrompre l’exploitation sur un réseau, il suffit à une compagnie d’emprunter une ligne ou un embranchement du réseau adjacent pour maintenir la circulation des voyageurs et des marchandises. C’est cette possibilité qui, dans les premiers mois de l’année, avait permis à la compagnie Boston, Albany et Hoosac de résister victorieusement aux exigences de ses mécaniciens, et qui a déterminé les organisateurs de la grève du mois de juillet à attaquer simultanément toutes les compagnies.

Les grands réseaux avaient reconnu la nécessité de mettre fin à la guerre désastreuse qu’ils se faisaient les uns aux autres et d’arriver à l’établissement de tarifs uniformes, ne fût-ce que pour pouvoir supprimer les traités particuliers et les avantages secrets par lesquels ils ne s’assuraient des transports qu’en sacrifiant le plus clair de leurs bénéfices. L’obstacle à une entente était toujours venu des prétentions de la compagnie Baltimore et Ohio, qui faisait valoir que Baltimore est de trois cents milles plus rapproché de la vallée du Mississipi que les ports de Philadelphie et de New-York, et qui demandait qu’on lui tint compte de cet avantage. Enfin, sous le coup d’une impérieuse nécessité, une conférence eut lieu à