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LA
GREVE DES CHEMINS DE FER
AUX ETATS-UNIS

I.
LES CAUSES ET L'ORGANISATION DE LA GREVE.

L’illustre Macaulay, éclairé par l’expérience et revenu des illusions de la jeunesse, ne partageait pas la prédilection que quelques-uns des libéraux anglais ont montrée et témoignent encore pour les institutions des États-Unis. Si le propre d’un bon gouvernement est de concilier la plus grande somme de sécurité pour les intérêts légitimes avec la plus large liberté pour les personnes, ce problème difficile lui paraissait moins sûrement résolu par la démocratie américaine que par la monarchie constitutionnelle d’Angleterre, malgré son système compliqué de contre-poids, ses règles fondées sur la tradition du passé et ses anomalies. S’appuyant sur les conditions exceptionnelles qui ont favorisé le début et le développement de la confédération américaine, il estimait que le principe de la souveraineté illimitée du peuple n’avait pas encore été soumis à une épreuve suffisante, et il en réclamait une expérience plus complète. A un écrivain américain qui essayait de lui démontrer que l’absence de cet élément de stabilité que l’on trouve dans l’hérédité monarchique n’enlève aux institutions américaines rien de leur efficacité à protéger les intérêts, et