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de la monarchie constitutionnelle, qui en déterminait prudemment les conditions en répétant à tous : « La république sera conservatrice ou elle ne sera pas ! » C’est la lumineuse signification de cet événement douloureux devant lequel tout s’efface aujourd’hui et qui doit être un enseignement pour tout le monde, pour le gouvernement comme pour les partis, dans les élections qui se préparent, qui avant un mois sans doute auront dit le dernier mot de l’opinion du pays.

CH. DE MAZADE.


Le Ciel, simples notions d’astronomie à l’usage des gens du monde, par M. Amédée Guillemin, 5e édition. Paris 1877. Hachette.

Parmi les bons livres que tout le monde peut lire avec fruit, le traité d’astronomie populaire de M. Amédée Guillemin a depuis longtemps sa place marquée. La clarté, la précision du langage, l’exactitude des renseignements, en constituent le mérite principal ; mais sans doute les nombreuses gravures et les belles planches coloriées qui l’accompagnent n’ont pas peu contribué à un succès qui s’est traduit par une série d’éditions successives. Depuis quinze ou vingt ans, l’application de la photographie à l’étude des corps célestes, et les étonnantes découvertes que nous devons à l’analyse spectrale, ont en quelque sorte renouvelé l’astronomie physique : grâce à ces puissans moyens d’investigation, on voit s’ouvrir sans cesse de nouveaux horizons. Le livre de M. Amédée Guillemin porte la trace de ce continuel progrès : à chaque édition nouvelle, il s’est enrichi de faits curieux et de certitudes inespérées. La publication de la cinquième édition de ce magnifique inventaire pittoresque du ciel s’achevait au moment où une découverte des plus inattendues venait grossir la liste des corps qui font partie du cortège de notre soleil. Un astronome américain, M. Asaph Hall, qui dispose aujourd’hui de la plus puissante lunette que l’on ait encore construite, a constaté l’existence de deux satellites de la planète Mars. Ce sont, il est vrai, des corps d’une excessive petitesse, — « on pourrait, a dit un autre astronome, en faire le tour entre deux repas, » — et nous ne les verrons que rarement, aux époques où Mars s’approche beaucoup de la terre. Mais la découverte de ces deux lunes n’en est pas moins importante pour l’achèvement de la théorie du système solaire. C’est ainsi que, périodiquement, quelque extension nouvelle du domaine de nos connaissances vient réveiller l’attention de la foule, et prouver que l’astronomie n’est pas plus que les autres sciences arrivée au terme de son développement. R. R.


Le directeur-gérant, C. Buloz.