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UNE

MISSION ARCHÉOLOGIQUE

AUX RUINES KHMERS


La Cochinchine française comprend, on le sait, les six provinces les plus méridionales de l’empire d’Annam ; c’est une région fertile, coupée de rivières et de marais, qui équivaut comme superficie à la dixième partie de la France, et dont la population atteint le chiffre de 2 millions d’âmes. Dernier reste de l’ancien royaume khmer, le petit état du Cambodge, qui limite à l’ouest la Cochinchine, présente une étendue un peu plus considérable avec une population moitié moindre, car plusieurs districts de son territoire sont inhabités. Ces deux pays forment aujourd’hui l’ensemble de nos possessions dans cette contrée extrême de l’Asie ; ils occupent la pointe sud-est de l’Indo-Chine et embrassent tout le delta terminal du Mékong, qui, sorti des plateaux neigeux du Thibet, a déjà fourni une course de plus de 800 lieues quand il entre sur notre territoire pour s’y jeter dans la mer par de nombreuses embouchures. Notre regretté compagnon Louis de Carné a raconté ici même les péripéties émouvantes du long voyage d’exploration entrepris en 1866 dans ces mystérieuses régions de l’Indo-Chine centrale, arrosées par le grand fleuve. Cette mission, dont j’avais l’honneur de faire partie sous les ordres du commandant de Lagrée, n’eut pas seulement pour résultats de faire connaître les contrées limitrophes de notre colonie et de résoudre le problème géographique du cours du Mékong, elle recueillit aussi des données précieuses sur un autre grand cours d’eau, le Song-koï, et en retrouvant dans ce fleuve les traces d’un courant commercial important entre la Chine méridionale et les ports du littoral, elle