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intermédiaire entre le chien et la civette. Sur trois espèces d’ictithérium découvertes à Pikermi en Grèce, l’une était plus civette qu’hyène, la seconde était moitié hyène, moitié civette, la troisième plus hyène que civette ; le même gisement renferme les restes d’une hyène qui était quelque peu civette. Les chats forment aujourd’hui un genre bien isolé, mais certains genres dont les restes gisent dans les couches tertiaires montrent que la famille des chats n’a pas été toujours également séparée de la famille des martres.

Les quadrumanes aussi retrouveront leurs ancêtres parmi les êtres des temps géologiques. Ceux que l’on réunit aujourd’hui dans la section des lémuriens ont été précédés par un genre que les découvertes récentes d’un naturaliste de Bordeaux, M. Delfortrie, ont mis en lumière ; les rapports de ce lémurien avec les pachydermes sont si frappans à certains égards que Cuvier et M. Paul Gervais, en ayant étudié des morceaux isolés, les ont attribués à des pachydermes ; cette opinion des deux paléontologistes qui ont fait les plus beaux travaux sur les mammifères fossiles de la France prouve bien les liens des lémuriens avec les ongulés ; du reste MM. Alphonse Milne Edwards et Grandidier, dans leur ouvrage sur Madagascar, viennent de montrer l’affinité de ces animaux, considérés autrefois comme très éloignés les uns des autres. MM. Filhol et Ernest Javal ont découvert dans les phosphorites du Quercy des mâchoires de petits pachydermes qui paraissent marquer des tendances vers la dentition des singes ; M. Gervais a signalé un autre pachyderme dont les tendances vers les singes sont encore mieux accusées ; il lui a donné le nom de cebochœrus anceps (animal singe et cochon). Le même naturaliste a décrit une mâchoire de singe fossilisée dans le terrain tertiaire moyen de la Toscane dont les dents me semblent indiquer aussi des rapports avec les pachydermes. Outre ces animaux de nature ambiguë, on en a recueilli plusieurs qui se rattachent d’une manière très manifeste aux genres des singes actuels, par exemple le pliopithèque de Sansan, tout voisin des gibbons, et le mésopithèque de Pikermi, qui avait une tête de semnopithèque avec des membres de macaque.


II

Comme je viens de le rappeler, les découvertes paléontologiques révèlent des liens de parenté entre des animaux que les naturalistes attribuent à des espèces, des genres et même des ordres différens. Avons-nous trouvé plus que des liens de parenté ? Connaissons-nous les paternités et pouvons-nous déclarer que telle espèce fossile est l’ancêtre directe de telle autre ? Dans la plupart des cas,