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dans les chais bordelais et dont on fait, en les bonifiant, des vins de Gironde ; le Portugal envoie ses oranges, l’Italie enfin son huile d’olive, ses marbres, ses fruits secs. On peut dire que tous les pays qui consomment une bouteille de vin de Bordeaux, — et quel est le pays qui n’en boit point ? — expédient en retour quelque chose à la métropole de la Gironde. La valeur totale des marchandises importées et exportées a atteint à Bordeaux en 1875. la somme de 600 millions de francs. Dans cette somme, les vins girondins entrent pour plus du cinquième ou 125 millions[1].

Le vin compose, avons-nous dit, la principale marchandise d’exportation du port de Bordeaux. En 1875, il a atteint comme tonnage le chiffre de 170,000 tonneaux de 1,000 kilogrammes, non compris les eaux-de-vie, esprits et liqueurs, figurant ensemble pour 19,000. Ensuite viennent les bois et douelles pour 62,000 ; la houille, 40,000 ; les céréales, 16,000 ; les fruits de table, 16,000 ; les poteries, verres et cristaux, 13,000 ; les sucres, 11,000 ; les résines, 10,000 ; les phosphorites ou amendemens fossiles de phosphate de chaux, 8,000 ; les machines, 8,000 ; les poissons marines, 7,000, et enfin, par ordre d’importance, le tartrate de potasse, les fruits secs, les légumes, les truffes et d’autres articles.

A l’importation, on relève les bois et douelles pour 386,000 tonneaux ; la houille, 234,000 ; le sucre et la mélasse, 32,000 ; les peaux et les laines, 20,000 ; la morue, 13,000 ; le café, 11,000 ; la fonte, le fer et l’acier, 11,000 ; les graines oléagineuses, 10,000 ; les engrais, 9,000 ; les eaux-de-vie, esprits et légumes, 7,000 ; les pierres à bâtir, 7,000 ; le riz, 6,000 ; le cacao, 5,000, et enfin le tabac, les fromages, les huiles, le pétrole, les gommes, le chanvre, les vins, le nitrate de soude, les céréales, etc.

Bordeaux n’est pas seulement un port de commerce proprement dit, c’est aussi un port d’entrepôt qui dessert la plus grande partie des départemens pyrénéens et tous ceux qui sont compris dans le bassin de la Gironde. C’est par Bordeaux que toutes ces localités reçoivent les denrées coloniales, le café, le sucre, les épices, le thé. Les produits comestibles, le poisson, les huîtres, les conserves alimentaires, leur arrivent aussi de là ; mais Bordeaux n’a pas su devenir, comme Marseille, une ville éminemment industrielle. Elle a jugé à tort qu’il était suffisant de recourir aux produits du sol et de la mer pour alimenter son commerce, et elle s’est contentée d’être une place maritime. Elle a bien une manufacture de porcelaine, créée jadis par les Johnston sur le modèle des manufactures

  1. Voyez le Tableau général du commerce de la France en 1875, publié par la direction générale des douanes. Paris, Imprimerie nationale, 1876.