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de là se répand dans l’économie en occasionnant des inflammations rapidement mortelles. Au reste, « autant de vibrions, autant de septicémies diverses, bénignes ou terribles; » c’est là un sujet que MM. Pasteur et Joubert se proposent d’aborder incessamment. Peut-être les fièvres pernicieuses dites putrides devront-elles être rangées dans cette catégorie des septicémies.

Maintenant il convient de dire que les communications de M. Pasteur à l’Académie de médecine ont provoqué une longue réponse de la part d’un homme qui jouit d’une juste autorité en ces matières et qui s’appuie sur une imposante série d’expériences poursuivies depuis près de douze ans; j’ai nommé M. Colin. Voici quelques-unes des objections qu’il oppose à M. Pasteur. En suivant d’heure en heure les modifications du sang d’un animal inoculé, M. Colin a constaté que la virulence ne se montre que longtemps après l’introduction du virus dans l’économie : il faut attendre cinq ou dix, parfois quinze heures, avant que le sang devienne propre à donner le charbon, et cependant il referme déjà le principe virulent, car, si cinq minutes après l’inoculation on coupe le membre où elle a été pratiquée, le charbon ne s’en développe pas moins et tue dans les délais ordinaires. La virulence se montre sûrement de la dix-huitième à la vingtième heure, mais toujours quelques temps avant l’apparition des bactéridies. D’autre part M. Colin, ayant réussi à séparer d’un caillot de sang charbonneux un peu de sérum où le microscope ne montrait ni granules ni bactéridies, a néanmoins obtenu le charbon par l’inoculation d’une goutte de ce liquide. Ensuite il a vu le sang pris dans le cœur du fœtus d’une vache charbonneuse rester inactif, tandis que le sang de la mère était très virulent, et cependant le premier contenait des bactéridies comme le second. Enfin M. Colin affirme que le sang charbonneux, tiré d’un animal vivant, perd sa virulence au bout de trois jours, bien qu’on y trouve encore les bactéridies, et qu’il redevient actif quelques jours plus tard, mais cette fois comme matière putride, capable de produire la septicémie.

Aucun de ces faits ne paraît, à la vérité, inconciliable avec l’étiologie des maladies charbonneuses que soutient M. Pasteur. Les bactéridies, sans doute, n’envahissent pas le sang subitement comme un essaim de sauterelles qui s’abat sur un champ de blé; il y a une phase de leur existence qui nous échappe, qui se passe dans les ténèbres de l’invisible. Le sang est déjà virulent avant que le microscope nous révèle la présence des bactéridies. D’un autre côté, on conçoit que, dans un sang déjà vieux, la bactéridie puisse encore exister après avoir perdu toute vitalité. Il y a là évidemment plus d’un point obscur; mais en somme les faits allégués par M. Colin constituent seulement des difficultés qui, on peut l’espérer, finiront par être résolues comme toutes celles qu’on a successivement opposées à M. Pasteur. Des problèmes aussi complexes demandent de longs efforts ; on n’en vient pas à bout en un jour. Ce