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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1877.


Le ministère, si aucun événement imprévu ne vient modifier ses résolutions, semble avoir définitivement pris le parti de fixer au 14 octobre le scrutin qui doit décider des affaires présentes de la France. Le choix de cette date tardive soulève, il est vrai, la plus grave de toutes les questions, une question de légalité constitutionnelle, et ajoute une difficulté de plus à toutes les difficultés d’une situation qui ne fait que se compliquer et s’envenimer en se prolongeant. Le gouvernement ne craint ni cette responsabilité d’une interprétation au moins contestable de la constitution, ni la responsabilité de l’incertitude infligée à tous les intérêts. Après trois mois de crise, après deux mois d’interrègne parlementaire, il croit avoir besoin de deux mois encore pour préparer les élections. D’ici là il se promet sans doute de déployer tout son système, de profiter de ce dernier répit pour faire sentir partout l’action administrative, pour combiner ses candidatures, en un mot pour enlever la victoire, et M. le président de la république lui-même paraît se proposer de continuer les excursions politiques qu’il a commencées par son récent voyage à Bourges. Il irait prochainement, dit-on, en Normandie, à Cherbourg, à Rouen, puis dans la Loire, où M. le préfet de Saint-Étienne lui ouvre si bien la voie par ses dithyrambes dans les fêtes universitaires. Le chef de l’état visiterait ainsi, avant l’ouverture de la période électorale, quelques-unes de nos provinces ; il recevra certainement les hommages de l’église, de l’armée, de l’administration, de la magistrature, et il répondra par des allocutions, renouvelant l’assurance de ses intentions patriotiques et constitutionnelles. Malheureusement M. le maréchal de Mac-Mahon, qui depuis quelque temps semble prendre goût aux lettres, aux discours et aux manifestes, ne peut plus que répéter ce qu’il a dit à Paris, à Compiègne, à Bourges.

Ce ne sont pas les intentions de M. le président de la république qui sont en cause. La vraie question c’est cette crise née du 16 mai, où,