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palatine : «... Mes lettres auront confirmé le coadjuteur, lui disait-il, dans la croyance que je ne souhaite rien avec plus de passion que de lier une amitié indissoluble avec lui. Je n’ai vu encore personne de sa part; et il se peut faire que la princesse palatine, ayant reçu mes lettres, on aura changé de mesures et songé à gagner du temps, puisque les momens dans les conjonctures présentes sont précieux. Souvenez-vous que j’ai deux nièces et que par ce moyen on peut ajuster tout, si le coadjuteur a plus d’inclination pour une de celles-là que pour celle du duc de Bouillon. Pour moi, je vous avoue que je le voudrais ainsi, et je réponds que, de la manière que je ferais la chose, le coadjuteur en serait content, et toucherait de plus en plus au doigt que mes intentions sont telles qu’il peut souhaiter. » Il en revenait toujours à cette entrevue qu’on n’avait cessé de lui promettre et que l’on avait toujours éludée.

« .. Bartet, poursuivait-il, proposa la consultation de la part du coadjuteur, et me dit qu’il devait se dépêcher pour se rendre promptement auprès de la reine. Sur cela, je dis que je désirais absolument consulter le coadjuteur devant d’approcher de la reine, pour bien convenir de toutes choses, et qu’il aurait été à souhaiter que les affaires du roi eussent permis à la reine de revenir de son voyage, car de cette sorte on aurait pu concerter toutes choses, et je pressai furieusement Bartet d’ajuster promptement la consultation. Cependant quarante jours se sont passés sans que j’en aie entendu parler; et, ainsi que je vous ai écrit, il est impossible que je diffère davantage à prendre mes résolutions, si je ne veux me perdre sans aucune ressource; de quoi je vous ai entretenue au long, et Le Tellier l’aura pu faire de vive voix, voyant le coadjuteur... Sur quoi j’attends à tout moment de vos nouvelles, n’y ayant plus aucune raison de prudence ou de bienséance qui puisse me permettre de rester les bras croisés, ni au coadjuteur de prendre une bonne résolution, devant être assuré de Mazarin comme de lui-même. J’appréhende fort que la reine ne soit forcée, par l’artifice de beaucoup de personnes qui sont auprès d’elle, à faire quelque chose qui soit entièrement préjudiciable au coadjuteur (c’est-à-dire à signer la révocation de sa nomination au cardinalat). Je vois en outre que M. le duc d’Orléans n’agit pas bien dans la confusion (le parlement), avec un étonnement universel, puisqu’il empêche qu’on y prenne à l’égard de M. le prince les résolutions qui sont si justes et si nécessaires. « Bartet m’avait promis... qu’il serait de retour à Paris pour le 12 du mois passé et que la consultation pourrait être faite devant le 20, et cependant vous voyez ce qui en est... Il n’a tenu qu’à moi d’aller trouver la famille royale, mais je n’ai pas voulu, et parce que ce n’était pas le service du roi et parce que je n’avais rien concerté avec le coadjuteur. — Je voudrais bien voir ensemble