Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 22.djvu/727

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

V.
L’ADMINISTRATION.

I.
LA COMMUNE RURALE ET LE SELF-GOVERNMENT DES PAYSANS[1].

De toutes les libertés la plus malaisée à fonder chez un peuple, c’est la plus humble, celle qui semblerait devoir être la base cachée des autres, la liberté communale. Tocqueville l’a remarqué, la difficulté d’établir l’indépendance des communes, au lieu de diminuer à mesure que les nations s’éclairent, augmente avec leurs lumières[2]. La liberté communale n’a peut-être jamais été créée, elle naît en quelque sorte d’elle-même et grandit presqu’en secret au sein des sociétés demi-barbares; c’est de ces dernières que l’ont reçue la plupart des peuples civilisés qui la possèdent encore. Grâce au régime de la communauté des terres, qui, dans les campagnes de l’Occident, s’est longtemps aussi associé aux franchises communales, les villages de la Russie ont conservé dans leur mir l’habitude de se gouverner, de s’administrer eux-mêmes. Les paysans moscovites ont gardé cette première liberté qui fait défaut

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 mai, du 1er août, du 15 novembre, du 15 décembre 1876, du 1er janvier et du 15 juin 1877.
  2. Tocqueville, la Démocratie en Amérique, t, Ier, Système communal.