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étaient ouverts dans la Nouvelle-Galles du sud, 617 dans Victoria, 197 dans l’Australie du sud, 265 dans Queensland, 150 en Tasmanie, et pas un seul dans l’Australie de l’ouest. L’exportation est difficile et coûteuse, sauf pour les colonies sœurs; restent donc comme élémens principaux de consommation les besoins particuliers et la navigation à vapeur. La faiblesse de la demande maintient, cela va sans dire, la houille à de très bas prix, et ces bas prix à leur tour réagissent sur la production, qu’ils sont loin d’encourager. Le cuivre paie mieux, au moins pour le présent, et les raisons en sont faciles à saisir : il n’a pas besoin d’être consommé sur place et d’attendre le travail voisin ; il peut être exporté soit à l’état de minerai, soit en barres, car sa valeur couvre les frais de transport ; aussi l’Australie du sud doit-elle un grand tiers de sa prospérité à ses mines de Kapunda, de Burra-Burra, de Wallaroo et de Moonta, les deux autres tiers appartenant à ses céréales et à ses laines. Les six premières années d’exploitation des seules mines de Burra-Burra produisirent 80,000 tonnes de minerai qui, rendues en Angleterre, donnèrent aux compagnies un bénéfice d’un demi-million sterling, et les rapports des autres mines ont été à l’avenant. Ce n’a pas été là leur seul avantage, car on peut véritablement dire que pour l’Australie du sud le cuivre a été l’élément féerique par excellence; tous ceux qui y ont touché ont été enrichis. Il a fait la fortune des hommes qui l’ont successivement découvert, et qui tous sans exception ont été des bergers, et celle des propriétaires ou locataires des terrains où il a été découvert. Il a été pour la colonie l’occasion des seules lignes de chemin de fer qu’elle possède encore. Enfin il s’est montré pour le mineur un métal honnête et loyal et lui a payé de beaux salaires que l’or, plus brillant, mais plus trompeur, ne lui a jamais payés avec la même régularité et la même sûreté. Le salaire d’un mineur travaillant pour le compte d’une compagnie est de 1 livre 18 shillings par semaine, et celui d’un mineur associé dans une tribute-company d’environ 2 livres 5 shillings, car il y a pour le cuivre comme pour l’or des compagnies à tribut, mais avec cette différence importante que l’ouvrier tributaire des mines d’or s’engage à ses risques et périls, tandis que l’ouvrier tributaire des mines de cuivre ne s’engage que lorsque le terrain qu’il sous-loue contient le métal en toute certitude. Il faut ajouter enfin que le travail des mines de cuivre, ne poussant pas à la spéculation et à la frénésie du jeu comme celui des mines d’or, est beaucoup plus moral que ce dernier, et ce n’est pas là le moindre avantage de ce métal, qui, de quelque point de vue qu’on envisage ses bienfaits, mérite en toute justice l’épithète d’honnête que nous lui avons donnée.