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cynisme, ses plus secrètes pensées et se livrait à des libertés, à des licences de langage inouïes. Il débutait par l’argument irrésistible.

« On vous envoie par un courrier exprès, lui écrivait-il le 1er octobre, une lettre de change de 18,000 écus, et vous en aurez un de trois en trois jours, qui vous en portera d’autres, jusques à la somme de 80,000 écus et plus, s’il est besoin, ayant 150,000 écus à ma disposition[1], qu’il ne faut point à mon sens épargner, quand ce ne serait que pour gagner un moment. On a jugé à propos de faire tenir ces sommes par des courriers différens, et encore nous ne laissons pas d’être bien en peine par la difficulté que l’on a à trouver des personnes qui veuillent faire tenir des sommes un peu considérables, de sorte que, si vous pouviez trouver de l’argent à Rome et tirer gagne, on fera partir mercredi prochain un autre courrier avec pareille somme, et ainsi de jour en jour... On vous envoie aussi par ce courrier sept montres ; mandez s’il en faut davantage et d’autres galanteries, et renvoyez ce courrier en diligence afin que l’on puisse savoir des nouvelles plus promptement pour faciliter vos affaires... On ne vous fait pas de complimens, tenez-nous seulement avertis de tout par courrier exprès, et n’épargnez rien. Mandez aussi par ce courrier quels bijoux il faudra vous envoyer. On ne l’a pu savoir... »

Et le 5 octobre : « Je vous envoie par un courrier exprès une lettre de crédit pour 25,000 écus, en attendant le reste, que l’on enverra incessamment. Si vous n’en avez besoin, ne les recevez pas, parce que le marché est fait avec le banquier de nous rendre notre argent, ni avec fort peu de perte, au cas que l’on n’en ait pas affaire à Rome. La même chose se doit entendre pour la première lettre de change de 6,000 écus, que l’on vous a envoyée, et de toutes les autres à l’avenir. Surtout prenez garde de ne donner votre argent mal à propos, et que vous ne soyez assuré de ce que l’on vous promettra, y ayant eu plusieurs attrapes de cette sorte ; mais aussi n’épargnez rien pour faire réussir les affaires, et, quelque somme que l’on veuille, ne trouvez aucune difficulté à tout ce que l’on demandera de vous... On vous a déjà envoyé six montres; on vous enverra des rubans au premier jour... » — « L’on vous écrivit hier, 5 octobre, par un courrier extraordinaire, que l’on vous envoyait une lettre de crédit de 25,000 écus, quoique ladite lettre soit indéfinie et non limitée. C’est pourquoi, si vous en avez besoin, prenez, si vous pouvez, sur ladite lettre de crédit tout ce qui vous sera nécessaire et non pas seulement lesdits 25,000 écus.

  1. 450,000 livres de l’époque, qu’il faudrait aujourd’hui multiplier par six ou sept.