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bulletins des urnes. Que les journaux discutent compendieusement tant qu’ils voudront en invoquant au besoin les textes, les autorités, c’est l’affaire des jurisconsultes, ce n’est pas l’affaire des vrais politiques. Le ministère, quant à lui, ne s’arrêtera pas, nous le supposons, à ces détails mesquins. S’il y a deux interprétations possibles, il choisira celle qui est le plus évidemment dans l’esprit de la constitution, et, s’il n’a pas la victoire dans les élections qui se préparent, il aura du moins le mérite de n’avoir pas paru ruser avec les obligations, d’avoir replacé sans de nouveaux retards la France dans une situation telle qu’elle puisse faire face régulièrement à tous les devoirs, à toutes les nécessités de sa situation intérieure aussi bien que de sa politique extérieure.

C’est surtout l’état de l’Europe qui, doit déterminer le gouvernement à hâter les élections. A un moment comme celui-ci, la direction de notre politique extérieure a plus que jamais besoin de l’appui de tous les pouvoirs. Ce n’est point que les affaires de l’Europe se soient aggravées depuis quelques jours ; la diplomatie de toutes les puissances n’a pour le moment d’autre préoccupation sérieuse que cette guerre d’Orient qui se poursuit avec des chances diverses. Évidemment la Russie n’est pas complètement heureuse sur tous les points où elle est engagée. Il devient très clair qu’en Asie ses généraux n’ont pas réussi pour avoir trop étendu leurs opérations ; ils ont même éprouvé des échecs, et le résultat désormais avéré est l’abandon du siège de Kars par les troupes du tsar. C’est une campagne à reprendre. Dans la vallée du Danube, les Russes ont eu plus de succès ; ils ont franchi complètement le fleuve, ils se sont établis fortement sur la rive droite, et ils ont commencé à s’étendre dans la Bulgarie, dont ils ont enlevé l’ancienne capitale, Tirnova ; mais jusqu’ici il n’y a rien de décisif, il n’y a que les difficultés qui se révèlent chaque jour, et qui ralentissent nécessairement les opérations. L’armée ottomane semble devoir attendre les Russes dans le quadrilatère et dans les défilés des Balkans. C’est là que la question pourra se décider ou entrer dans une phase nouvelle. Jusque-là l’Europe attend, les yeux fixés sur le Danube, sur ces contrées de l’Orient, où la diplomatie trouvera sûrement des occasions nouvelles de déployer une utile influence.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.
Histoire générale du Languedoc, par dom Cl. Devic et dom J. Vaissate, nouvelle édition. Toulouse, Privat.


Les honorables érudits qui ont entrepris de nous donner une édition nouvelle de l’Histoire générale du Languedoc des bénédictins dom